Sortie en famille sur la belle.

3 juin 2006

19 - Corrèze

Dordogne

Sussu

N’ayant pas eu le courage de retrouver ma charmeuse la veille ; ma femme, pour me consoler, me propose d’y monter. Saisissant l’opportunité qui est trop rare, je m’empresse de charger le matériel pendant qu’elle prépare le nécessaire pour se restaurer. Dans un peu plus de deux heures je serai auprès de ma belle. Puybrun enfin ! Je connais un coin qui devrait contenter ma femme. Une longue plage de galets faute de sable blanc des tropiques. Je scrute l’onde sous le soleil et pas un semblant de vie perce la surface. Nous pique-niquerons à l’ombre d’un saule quand sur la berge d’en face se déroule un manège qui n’est pas fait pour me plaire. Trois bonhommes dont deux en tenue d’Eve vont et viennent en long en large, se postent face à nous sans la moindre gêne. Les plus gênés s’en vont ; c’est ce que nous ferons. J’emmène donc ma troupe à un autre endroit en espérant y voir une autre activité que celle-ci. Même topo, pas de mouches, pas de gobages, je n’ai aucune envie de pêcher en nymphe et en plus mon épouse ne trouve pas ce lieu à son goût. Pas facile de concilier le tout. Nous prenons le chemin pour Beaulieu, nous passons sur le pont et sous l’aval de celui-ci, 4 moucheurs en action ; l’affluence du week-end de Pentecôte. Je regarde en amont, personne sur le no-kill. Je décide donc de m’y arrêter mais rive gauche pour changer un peu. L’aire de stationnement est à nous seul et quand ma femme voit le bord de la rivière… – Oh ! Que c’est beau ! C’est ici qu’on aurait dû venir dès le début ! C’est retenu pour la prochaine fois. 😉 17h00 déjà, je suis en tenue de combat et le rendez-vous est pris à 19h00 pour le souper afin d’être libre pour le coup du soir. En attendant elle se promènera avec mon fils sur le haut de la vallée vers Monceau. Je prépare un ticket, la boite a été défoncée par des personnes mal intentionnées. Je traverserai et le déposerai dans celle en dessous du camping des îles. Me voici sur le bras, toujours aucune activité malgré quelques mouches notamment des sulphures. Ce n’est pas aujourd’hui que je testerai quelques prototypes d’émergentes pour confirmer si oui ou non je détiens le « Graal ». Je suis sur une veine qui me semble prometteuse, je décide de taper en sèche la bordure du courant entre vif et mort. Pendant que je noue mon artificielle, un ragondin sur le plat exécute un ballet aquatique pour se nourrir. Allez, action, c’est parti ! Au bout du cinquième posé, ma mouche disparaît derrière une gerbe d’eau. J’ai tellement été surpris que j’ai failli oublier de ferrer, heureusement les réflexes sont là malgré ce maigre début de saison. C’est une truite, petite défense, une hybride de 25 cm. Content tout de même de cette prise, ça fait du bien de sentir le carbone se tordre. Elle restera en ma compagnie quelques instants avant de retourner sur des fonds plus sécurisants. Je sèche ma mouche et me remets en action. Dix mètres plus haut, montée sur ma mouche. Cette fois-ci c’est plus lourd, c’est un ombre de 30 cm qui rejoint mon épuisette. Je m’approche de la berge pour l’immortaliser, il n’est pas très rond mais vif et arrive à s’échapper avant d’avoir réussi à lui tirer le portrait. Je ne peux lui en vouloir, j’aurai été à sa place j’en aurais fait autant. C’est reparti ! Quatre ou cinq mètres de plus et pendu. Bonne défense, plus lourde, encore un ombre, il fait ses 35 cm, plus rond aussi, dès qu’il voit l’épuisette pique un rush et décroché. Pas de chance, pas de photo. Je regarde ma montre pour voir le temps qu’il me reste, il est 17h45. En si peu de temps, trois poissons et en sèche ; je suis comblé. Seulement voilà, quand tout va bien, il y a toujours un grain de sable pour coincer le rouage ; une cohorte de canoës arrive sur moi et passe en plein dans mon terrain de jeu. Tant pis, je vais voir sur l’autre bras, là au moins je ne risque pas les voir. C’est un bras avec une belle veine, plus puissante et plus profonde. J’ai beau bien la peigner, rien ne viendra voir ma mouche, trop d’eau sans doute, le poisson à l’air d’être sur les parties peu profondes où le soleil perce mieux et doit réveiller ce monde aquatique. Je redescends donc sur le bas où c’est moins profond. Je m’assois 5 minutes sur un arbre couché par l’érosion. Soudain, un gobage furtif sur la bordure d’en face. Je fais trois passages, rien ne se passe, j’ai dû mal estimer l’endroit propice. J’attends un peu, pas d’autres signes de présence. Je tente un autre passage et bingo ! Une truite pugnace qui me fera trois sauts périlleux et laisse présager un décroché vue la bonne santé de celle-ci. Elle se calme et se sert du courant pour appuyer sa fuite et finit par se rendre. Magnifique fruit sombre de cette rivière d’un peu plus de 30cm ; une souche Dordogne. Celle-la fera partie de mon dossier « Mes photos ». J’allume l’apn, la saisis et au moment du cadrage, un coup de reins et hop ! Retour dans son antre. Ce n’est vraiment pas la journée photos. Je retourne sur mon siège de fortune et m’imbibe de ce havre de paix. Je suis seul, là, à me remémorer ces instants de bonheur tout juste passés. Pas tout à fait seul car un écureuil s’amuse à monter et descendre le long d’un tronc et ce geai qui me regarde d’un coup d’œil à droite, d’un coup d’œil à gauche en se demandant que fait ce bipède assis sans bouger. Je pense à ceux qui auraient pu connaître ce même bonheur, ceux qui ont fait une longue route pour le meeting, ceux que nous avons emmenés ce vendredi 26 mai et qui n’ont pas eu la chance d’avoir ce niveau d’eau. J’aurai bien aimé qu’ils soient à ma place pour savourer ce plaisir. 19h00, je rejoins ma tribu pour reprendre des forces. Une fois repu, je reprends ma quête, coupe au travers de l’île pour explorer le bras principal rive droite et toujours aucune manifestation de festins. L’envie me prend de traverser pour déposer mon ticket mais le courant m’en dissuadera. D’un coup de voiture, je ferai le tour avant de rentrer. Je passe en noyée pour ratisser le radier en bas du bras rive gauche qui m’avait valu un beau coup du soir il y a déjà deux ans. Je peigne ce courant, pas une touche, rien n’est dehors. J’aperçois une personne qui remplace la boite défectueuse, je la rejoins, c’est le garde particulier de l’AAPPMA de Beaulieu. Je lui remets mon ticket à mains propres et en profite pour me demander mon permis. Après vérification, nous taperons la causette pendant trois quarts d’heure sans perdre mon temps car tout en discutant je cherche un signe annonciateur de frénésie nocturne et il ne se passera rien. La nuit étant presque là, il faut se résigner à rentrer. Minimum deux heures de route nous attendent avant de pouvoir s’allonger et récupérer. Pendant le trajet, je pense à cette bonne journée et le vague à l’âme me prend de quitter cette vallée. Je me rabâche encore une fois, comme à chaque retour ; Qu’est-ce que je fais à Bergerac ? Il faut que je trouve une solution pour rester au près d’elle. Je vais la trouver cette solution. Oui, il faut que je la trouve ! A bientôt ma belle !

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