La pluie est venue tout à coup, plus grise que le gris de ce jour délavé. De petites billes de vif-argent se sont formées instantanément et ont roulé sur le miroir au tain profond. Alors il a fallu se replier sous l'abri illusoire d'un arbre de la berge. Puis le grain dru s'en est allé et les voiliers diaphanes ont défilé. Des museaux ont pointé. Surtout profiter, sans s'enflammer, gestes mesurés. Aux heures méridiennes le temps semble se comprimer, tout passe si vite. Déjà d'autres petits marteaux agaçants viennent frapper l'eau, de plus en plus de feuilles perdues se détachent et un nouveau rideau liquide vient tout effacer. Regagner l'abri, entendre la voix de la grande dame brune qui chantait l'or et la pluie sur les forêts d'automne, sourire aux éléments parce qu'on est là , à cet instant. Et puis, s'engoncer à nouveau, et attendre encore. Sous l'arbre, sous le charme.
