C’était un jour d’été où l’automne avait posé ses jalons, un jour où en matière de pêche à la mouche l’on pouvait seulement espérer une petite reprise d’activité après des jours de canicule’ je n’allais pas rechigner à la perspective de faire un tour sur la Dordogne avec des copains, même pour une seule journée. Le matin gris s’étirait, quelques bourrasques chargées d’humidité annonçaient la pluie, l’activité de surface sur la rivière était quasi nulle. Ma nymphe accompagnée, quelque part sous la grande veine d’eau, s’arrêta. Quelque chose d’indéfinissable dans la pointe de la soie, une onde fugace remontant jusqu’au poignet, me firent comprendre que cette fois-ci ce n’était pas un rocher moussu qui retenait l’hameçon. Je relevai simplement la 10’6 et pris contact avec un poisson lourd qui s’échappa en diagonale vers l’aval, sans forcer. Heureusement, je pouvais suivre et contenir la distance à celle de ma soie dévidée et du peu de backing que contient mon moulinet. Le poisson venait assez près mais repartait en force sans que je puisse voir de quoi il s’agissait et je ne sais pas trop pourquoi je pensai à un ombre. C’est d’ailleurs comme tel que je l’ai annoncé par téléphone pour que les copains viennent m’aider à emmailloter la bête. Voilà un endroit plus calme, débarrassé du contre jour, et je m’aperçois qu’il s’agit d’une truite, un poisson compact, impressionnant. Sa défense est opiniâtre à défaut d’être violente, et j’attends mon renfort pour espérer la toucher. Stéphan et Denis arrivent rapidement (Stéphan en a même couru !) et la mise à l’épuisette peut se faire, non sans quelques dernières émotions, car nos filets de pêcheurs de ruisseaux semblent un peu dérisoires. Séance photo, réoxygénation (du pêcheur essentiellement) et partage d’un moment fort : merci les gars!
