Thymallus et fuscatus…

14 novembre 2005

46 - Lot

Dordogne

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Midi. Un petit point blanc perce la surface de la rivière. Une aile apparait, puis deux. Il est l’heure pour ce petit fuscatus dont les parents se sont aimés en juin d’émerger. Au même moment, un ombre décolle du fond pour l’intercepter, à des dizaines de kilomètres, un pêcheur sort de son boulot et deux garde-pêches quittent leur bureau pour aller faire des contrôles. Il n’y aurait pas eu cette petite bruine lorsqu’il est monté dans sa voiture, le pêcheur n’y aurait pas vraiment cru. Mais là, il ne sait pas pourquoi, il sent qu’il va vivre des choses peu communes. Musique à fond dans les oreilles comme ça se fait de nos jours, il prend la route. Il lui tarde de pêcher. Cela fait plusieurs semaines qu’il bosse comme un forcené sans prendre de pause et fait rarissime pour la saison, la rivière est basse depuis plus d’un mois. Cela doit bien faire une douzaine d’années qu’il n’a pas connu ça. Il arrive au bord de l’eau vers 13 h 15. Des pêcheurs sont déjà en action. Dès les premiers lancers, il comprend que cela ne va pas être simple. Les mouches classiques ne font même pas lever le nez des ombres qui vont même jusqu’à refuser les vrais insectes. En revanche, il a de suite remarquer que les qques beaux poissons étaient dehors. D’autres petits fuscatus ont décidés que c’était le grand jour pour eux. Une jolie éclosion commence à rendre les poissons actifs. Mais ils en sont pas très coopératifs. Les refus succédent au montées courtes et au ferrages dans le vide. Il faut toute l’expérience du pêcheur pour arriver à capturer son premier poisson à l’aide d’une mouche un peu plus originale que les autres. Au loin, un bruit sourd de portière se fait à peine entendre. Les gardes n’ont pas besoin d’employer leurs jumelles pour constater qu’il y a bien un pêcheur dans l’eau jusqu’au ventre sur cette gravière au fond pavé par les éclusées. L’éclosion se poursuit et notre pêcheur se retrouve au milieu d’un joli banc d’ombres avec 7 ou 8 poissons hyper affutés qui chassent sans retenue en faisant parfois des écarts impressionnants. Seul le mois de novembre peut offrir un tel spectacle. Les feuilles jaunes, l’eau noire, l’eau froide et cette vapeur qui sort de la bouche à chaque expiration. Un beau poisson marsouine un peu plus loin que les autres. Malgré les changements de mouches, rien ne le décide à monter. Jusqu’à ce que ces petits points jaunes apparaissent en surface : les sulphures. Alors, ni une ni deux, notre pêcheur qui commence à connaitre un peu cette rangaine sort sa plus belle mouche. Une véritable formule 1 des mouches : profilée, avec des matériaux dosés, étudiés… Comme touché par la grâce, le pêcheur a ferré avant même que le moindre rond n’ait pu apparaitre dans les jumelles du garde. L’instinct du prédateur qui perçoit un reflet, une ombre, qui anticipe. Le combat avec ce bel ombre au sommet de sa forme est un plaisir dont il se délecte. Un bon 35 cm au reflets cuivrés et à l’embompoint remarquable. Sorti de nul part, un autre rond se forme à 5 m en aval de lui. En limite de son sillage, la mouche disparait dans un entonnoir au premier passage avec un bruit de succion énorme. Dès le ferrage, le pêcheur à compris qu’il a à faire à un beau poisson. Celui-ci garde le fond, sonde, ne s’affole pas et teste la résistance par qques coups de têtes. Devant ces signes de bravoures, le pêcheur sait ce qui l’attend. Il se prépare à donner du mou. Il n’est pas déçu. Le poisson tourne un peu sur place et dévalle sur 5 ou 6 mètres en sondant le fond. Pas de doute, c’est un très grand poisson qui a de la « caste » comme ces taureaux qu’on gracie parfois dans les arènes. La fuite vers l’aval se poursuit. La soie sort du moulinet le bas de ligne fend l’eau noire du mois de novembre et le backing se profile à l’horizon. Le poisson remonte sur qques mètres et fini par se décrocher. – « Putain c’est beau! » dit le plus jeune garde à son collègue. « C’est interdit? » – « viens on s’en va »… Le pêcheur ne saura pas qu’il a été observé. Trop occupé à admirer les spectacles des ombres dauphins qui gobent sporadiquement devant lui. Les sulphures ont disparu. Les ombres jouent à nouveau avec lui. Il en prendra deux à la faveur d’incessants changements de mouches sur de petites imitations de baetidés jaunes. Il est 16 heures, les ronds se font discrets. Notre pêcheur a fait le plein de rêves pour un moment, dans le ciel des petites bestioles aux yeux jaunes volent par dessus les arbres dans l’unique but de perpétuer leur espèce. Des fuscatus Monsieur, ces petits points blancs qui font sortir les thymallus. Fred PS : à l’instar de la news de Mimosa, cette nouvelle est une pure fiction. Toute ressemblance avec des personnes ou des faits ayant existés serait fortuite et pure coïncidence 😉

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