Pas d’eau, pas de pluie en ce mois de septembre : tout est bien sec et je n’ai pas osé me risquer sur l’Ourthe, la Semois ou le Viroin qui devaient être bien bas. J’ai donc reporté mes prétentions halieutiques du côté du Luxembourg. C’est loin, officiellement 100 km pour ma petite famille (croit-elle) mais officieusement 140, si j’en crois mon compteur… Pourtant, j’ai essayé de prendre différents chemins pour y aller afin d’en trouver un qui soit plus court, mais rien à faire ! J’ai un peu honte d’aller si loin pour assouvir mes instincts de pêcheur, mais on ne vit qu’une fois… et le gasoil a baissé… et il est moins cher au Luxembourg… et le permis est ridiculement pas cher, etc. On prend de belles truites dans la Sûre Intérieure, en noyée et en sèche, mais elles sont plutôt immangeables. Tant mieux ! Elles sont donc protégées du fait de leur mauvais goût, mais cela ne doit malheureusement pas effrayer les cormorans. En octobre et novembre, il y en a tellement que l’on dirait (avec un peu d’imagination) des pruneaux pendus dans les grands « saules boule » au bord de l’eau. Quand les stukas noirs arrivent à proximité du pêcheur, ils s’écartent un peu, mais reviennent ou le narguent à une centaine de mètres. On voit un long cou noir qui sort de l’eau, et ça replonge, et ça replonge… Quels dégâts dans les bancs d’ombres, même s’il ne doit plus en rester beaucoup… J’ai l’impression qu’une bonne partie des truites que je prends là bas est d’origine naturelle : elles ont de gros points noirs, des points rouges très discrets, parfois à peine visibles et plutôt violacés. Derrière l’œil, sur l’opercule, il y a souvent une tache grise assez diffuse. Il me semble reconnaître le même genre de souche sauvage que sur la Semois. Enfin, quand on a sur cette rivière l’occasion rare d’en prendre une « vraie » : le plus souvent, la prise est une truite avec des points vermillon, limite violents, donc une souche de pisciculture. Un gobnaute sait-il si les truites de la Sûre viennent de réempoissonnements par l’État ? Compte tenu de la pression de pêche, je n’arrive pas à croire que ces poissons sont naturels. C’est peut-être le résultat d’une écloserie avec capture de géniteurs locaux ? Dans ce cas, bravo ! Je m’égare… Revenons au titre ! Le triste sire, c’est celui qui a balancé sa (grosse) tonte d’herbe à la rivière vers 16heures, le 25 septembre, alors que j’étais en train de prendre des truites en amont de Wallendorf. Que fait donc la police ? Court-elle après les honnêtes gens au lieu de verbaliser ces terroristes verts ? C’est une calamité sur bien des rivières… Cela dérivait méchamment, tout vert et j’ai dû me résoudre à arrêter de pêcher et à remonter voir si cela ne s’était pas calmé en amont. Pas du tout, et au bout de trois quarts d’heure d’attente, j’ai changé de coin en reprenant la voiture. Plusieurs kilomètres en amont, au confluent avec l’Alzette, c’est un peu « la zone » (industrielle) mais il y a toujours un peu de truite et des ombres. L’eau était un peu grise, bien polluée aussi à cet endroit. Par contre, pas d’algues filamenteuses ni de mousse verte au fond. Est-ce trop pollué pour que les algues y vivent ? Plus bas, en aval de Reisdorf, c’est tout vert au fond, mais avec une eau bien claire : la pollution est là aussi, mais c’est pas du tout pareil… Triste Sûre ! Elle pourrait être fameuse (elle l’était paraît il…) si l’on faisait de vrais efforts dans le bon sens. Le Luxembourg a beaucoup d’argent, non ? Venons en à la photo magnifique qui décore cet article non moins mirifique… J’aurais préféré vous en montrer une belle avec des gros points noirs (une truite !) mais la photo vaut le détour : c’est la buse de sortie de la station (soit disant !) d’épuration de Reisdorf. J’avais déjà remarqué lors de mes précédentes sorties qu’elle fonctionnait mal. En aval du tuyau, le cincle que je vois régulièrement doit patauger dans les résidus. Peut être y trouve t-il des porte bois en forme de nouilles ? Ce jour là, en passant vers l’aval, le tuyau ne coulait pas. Par contre, c’est en remontant pour essayer de trouver un coin sans déchets de tonte que j’ai vu ce désastre. L’odeur et la couleur ! C’est vrai que la station paraît toute petite par rapport à la taille du village… et du ou des campings… Cela doit lâcher de temps en temps. Pauvres poissons, pauvres pêcheurs et pauvres courants magnifiques situés en aval ! Sur le site, des gobnautes disent que la Sûre frontalière est mieux pour la mouche. Je suis allé voir, mais je n’ai pas été emballé. Il y a une longue partie calme entre Wallendorf et Dilligen, qui me semble peu propice au fouet. Y a t-il un bon plan pour trouver des courants intéressants ? J’hésite à y prendre le permis pour l’an prochain, d’autant plus que j’ai lu il y a longtemps dans Plaisirs de la Pêche que l’on avait droit qu’à une seule mouche… Pour la noyée, c’est castrateur ! Sur ce, à bientôt pour d’autres aventures !