Cela fait bien longtemps que je n’ai rédigé une news. Il faut dire que je n’ai eu que peu de vraie journée pêche ces derniers temps (heureusement qu’il y a eu un bon mois de mai…). Cependant, un moment me revient constamment lorsque mon esprit s’évade des tourments professionnels. Cet instant fugace s’est déroulé en début de saison (mi-avril, il me semble). Le temps était au beau et un vent persistant accompagné ma lente remontée vers un poste ô combien porteur. Je me souviens parfaitement être seul, mes deux acolytes étant indisponibles ce jour-là. Les saules commençaient tout juste à sortir la bourre de leurs bourgeons et les aulnes, verdissaient de jours en jours. La douceur ambiante laissait présager une bonne journée d’évasion. J’avais aperçu un ou deux gobages déjà, et une pitchoune bien ponctuée était venue me saluer. Le niveau d’eau et le soleil bien haut, m’assurait une visibilité très correcte des gravières. Lentement j’approchai de l’instant qui resterait graver. Premier poste, une superbe coulée sous une frondaison encore peu fournie, aucune activité. Deuxième poste, le courant s’accélère mais rien ne bouge, le désert. Sont-elles encore sur les bordures, dans peu d’eau ? Me voici maintenant tout proche de l’instant insoupçonné. Il me faut traverser ce radier quand soudain un mouvement attire mon regard. Elle est là, posée dans 10 centimètres d’eau, la dorsale dépassant de l’onde. A droite, à gauche, elle n’arrête pas. Ma position est délicate car le courant entrainera certainement ma soie dès le posé. Au ralenti, je me dirige sur ma droite, un mètre tout au plus, tout en fixant la belle. Sans signe avant coureur, elle se décale. La faute a une congénère que j’estime à 40. La mémère se cale alors devant elle et chope tout ce qui dérive. Je choisi une classique, premier passage, rien. Je relance et la dérive amène ma nymphe à 10 centimètres de sa gueule, aucun mouvement. Je change de teinte, un, deux passages, rien. La belle continue son manège et la « petite » dégoutée, retourne dans les veines aval. Je saisi une nymphe de plus, pose un peu loin sur sa gauche. Là, le poisson se décale, j’entraperçois une gueule béante, toute blanche. Ferrage ! La belle se retourne, vexée, et là, je prends conscience de la bête…mais pas longtemps. Elle se dirige direct vers le tas de bois en bordure à environ 7 mètres en aval (là où la « petite » de 40 s’est réfugiée précédemment). En 14°°, pas le choix, il ne faut pas qu’elle y aille. Dans ces quelques secondes, j’y ai cru mais à l’approche de l’antre, une partie de ma pointe me revient. Je suis dégoûté. Croyez-moi, j’y suis retourné dans ce secteur mais pour l’instant, elle ne m’a pas fait l’honneur de se remontrer. Enfin, comme dis « Chichi » : « L’important, c’est de l’avoir leurrée !»