Si on me demande où cette rivière se trouve, et bien je dirais qu’elle est au point le plus éloigné de toute agitation humaine, qu’il a fallu franchir d’interminables agglomérations urbaines, traverser de profondes gorges et serpenter sur d’immenses plateaux, avant de plonger dans une verte vallée qui semble tout droit jaillir d’un vieux récit de pêche… Le monde y arrête sa course folle pour vous. Si on me demande à quoi elle ressemble, je dirais que j’ai retrouvé avec plaisir les eaux rousses du Massif Central érodant les vieilles pierres moussues, que j’ai apprécié pour m’y rendre de traverser des prairies naturelles comme autant de bouquets de fleurs sauvages mis côte à côte, que j’étais heureux de ne pas voir les versants recouverts de sapinières de rendement qui rendent les milieux stériles mais de jolies pinèdes qui invîtent à la traque aux champignons. j’ai bien un peu râlé de la présence récurrente d’arbres aimant se pencher tout près de l’eau, et que ça faisait bien longtemps que je n’avais pas laissé autant de mouches dans les griffes des branches. Si on me demande la pêche, je dirais que cette jolie truite atlantique toute ponctuée a été une capture salutaire car je commençais à bien sentir l’amertume du bredouille. Si on me demande comment j’y suis allé, je ne remercierais jamais assez JB de me faire part de coins de pêche aussi magnifiques, et je me promets qu’on y retournera à nouveau, j’espère le plus tôt possible. Cette fois là, une bouteille de rosé dans l’eau fraiche viendra compléter un cadre champêtre que j’aimerais voir préservé à jamais. J’ai oublié un peu l’Ain dans ses habits de souffrances.