Pourquoi cela ne serait toujours pas comme ça, l’ouverture ? Un levé pas trop de bonne heure, une journée qui s’annonce radieuse, je pars récupérer l’ami Sussu qui me confirme la tendance à la douceur et des niveaux constants sur notre chère Dordogne. On démarre pour s’arrêter un peu plus loin faire le plein sans se presser, petit détour chez le boulanger, on remonte le cours de la Belle, croisons les copains déjà arrivés sur les lieux. Salut Manimal, salut Stéphane, salut Sebbien33, salut Jef24, salut Mimosa, le bougre, il a ouvert le bal avec une prise en nymphe. C’est bon pour le moral tout ça ! Nous partons en amont, nous nous retrouverons pour la casse croûte. Tiens, il y a pas mal de véhicules au bord de l’eau, plus que les autres années en tous cas, et donc plus de monde. Là, nous rencontrons Fred, olivier et Jean-Yves. Tout à coup, tout s’accélère, les saluts sont brefs, Fred prévient que les premiers insectes sortent depuis un quart d’heure, que nous devrions vite trouver un poste favorable. Nous ne traînons plus et plongeons dans nos wadders, jamais je n’ai vu Sussu s’équiper aussi vite. La rivière est relativement basse pour cette époque, ce n’est pas si souvent le cas. Aussi, pour ne pas troubler dame fario dans cette onde si claire, nous progressons prudemment. Nous écarquillons nos yeux afin de déceler quelques gobages que pourraient dissimuler les vaguelettes formées par le vaste radier qui s’offre à nous. Nous apercevons quelques rhitrogéna à la dérive mais ces frêles esquifs sont encore trop épars pour attirer la convoitise de la gent aquatique. Tout les sens en alerte, nous abordons le parcours sur la pointe des pieds, un peu comme si c’était la première fois, comme si nous avions du mal à faire le premier pas. Mais voilà que les éphémères se multiplient soudain, quelques museaux crèvent la surface pour cueillir cette manne ; oui, mais là-bas en pleine veine d’eau. L’inhibition qui nous collait à la bordure vole en éclat et c’est l’immersion totale dans l’action et la passion. Bientôt l’artificielle joue son rôle ; la ligne se tend, s’étire vers l’aval, accompagne une chandelle, une seconde, bride quelques pirouettes et nous ramène une merveille mouchetée comme seule la Dordogne sait offrir à ses humbles fidèles. Par trois fois, elle va me combler de cette façon. Puis, comme par enchantement, au paroxysme de l’éclosion, les gobages se font plus sélectifs, s’estompent puis disparaissent complètement alors que de nombreuses brunes de mars défilent au gré du courant. Un petit coup de vent, le débit baisse brusquement et les insectes disparaissent à leur tour. Cela a duré en tout et pour tout à peine une petite heure, mais quel bonheur ! Bonheur prolongé par l’opportunité de nous retrouver, une petite douzaine d’allumés, pour rompre le pain au bord de la Belle, savourer cet instant, commenter nos moments de grâce et les autres (je ne savais pas que tu aimais cette rivière à ce point, Stéphane, deux bains dans la même journée, chapeau bas) et assister au triomphe de Fred sur le coup de la dernière chance. Je vous le dis mais ne le répétez pas : que du bonheur… Didier