La rivière est devant moi. Elle est immense et son eau est teintée par les sédiments qu’elle charrie du nord vers le sud depuis les glaciers de l’Alaska range.
Voilà deux bonnes heures que je pêche a la confluence de cette affluent a l’eau claire. Ils sont là c’est certain. Ils nous gratifient parfois de quelques sauts et cabrioles pour nous signifier « hey ! je suis là, mais ta mouche ne m’intéresse pas ! » Alors on insiste, on change un léger détail pour essayer de dériver plus profond, plus à gauche, plus à droite… et on recommence, inlassablement.
Jusqu’à ce que sur une fin de dérive, la soie se bloque, et d’un coup la soie, et même la canne si l’on n’est pas très attentif peuvent partir des mains tellement le départ est fulgurant et puissant. Alors son nom prend tout son sens : Le King !! le roi de la rivière ? Pour les pêcheurs c’est certain !
Alors le moulinet doit être serre correctement pour ne pas s’emballer mais pas trop pour ne pas ouvrir l’hameçon ou provoquer d’autre casses plus embêtantes. Le combat commence, canne à 45 degrés au-dessus de la tête pour maintenir l’hameçon dans sa gueule solide. Il sonde, et donne des coups de tête rageurs. Ma 9 pieds soie de 9 est pliée en deux, et jamais jusque-là elle avait subi un tel rush. Puis le poisson tente de prend le large… Facile sur une rivière qui de plus de 100 m de large et qui charrie à longueur de journée des arbres entiers… C’est à ce moment que le moulinet rempli son rôle.
Parfois, il se sent aérien, et gratifie de quelques spectaculaire sauts… Spectaculaire car c’est quand même un poisson de 10-12 kg qui semble au bout… Toujours canne a 45 au-dessus de la tête, on essaie de le faire décoller du fond. Mais il sait très bien jouer avec ses nageoires pour le plaquer au fond grâce au puissant courant.
Commence un jeu de, je t’aime, moi non plus…
Viens le moment où il voit la surface… C’est alors l’explosion de tous ses muscles, acquis pendant 3 ans au beau milieu de l’océan. Le poisson a commencé à se teindre en rouge, signe qu’il se prépare à frayer.
On tente délicatement de l’amener sur la plage de galets, puis on le saisi par la nageoire caudale. Le roi se rend. On le sort le moins possible de l’eau. On prend rapidement la photo pour le jeune français qui prend son premier King a la mouche, puis on le relâche sous les éclaboussures de sa caudale sur l’eau.
L’adrénaline est toujours là pour quelques bonnes minutes encore. Le temps s’arrête, on savoure. Puis on y retourne. On recommence à peigner le courant inlassablement jusqu’à la fameuse tirée.
Voilà deux jours que cela s’est passer, et je suis déjà en manque… Je n’aurai peut-être pas dû commencer à pêcher le saumon… Je n’ai qu’une envie : recommencer !!