Il est midi, il est temps de partir. Je file dans le pick-up, et fonce vers la rivière cette fois. Après de longues lignes droites bordées de forêts alluviales de résineux et de bouleaux, je trouve la Chena en ordre. Encore un peu teintée à ce niveau par la fin de la fonte, mais elle a dû baisser de facilement 1.5 m depuis la dernière fois.
Je continue de remonter la rivière jusqu’à me garer en bord de route avec un accès à la rivière sans plage. C’est important car autrement il y aurait des badauds avec des chaises longues et des campings car directement sur les bancs de galets de la rivière.
Un pêcheur revient juste de sa pêche, il est 13h, il me dit que c’est encore calme, mais qu’il en a fait une bonne douzaine en sèche sur des « mosquitos » hameçon 14… Il faut dire qu’ici les moustiques ça ne rigole pas !
C’est avec un pas mal assuré que je descends vers la rivière avec mon spray anti-ours à la ceinture. Je ne sais pas trop à quoi m’attendre tant au niveau pêche qu’animaux… La rivière est belle, translucide. Elle coule sur des galets propres, sans algues comme j’ai eu peu l’occasion de voir avant. Quelques insectes virevoltent par ci par là. Après avoir adapté mon bas de ligne a la taille de la rivière, j’approche un radier plutôt profond ; la rivière fais environ 10 mètres de large, et peut être 1.2m de profondeur à son maximum, ça pousse un peu par endroit malgré tout. Je commence du bord, et noue un petit montage parachute classique. Et au premier lancer, vous savez celui pour régler rapidement la longueur de soie et ajuster le tire… celui là même, voilà qu’un poisson vient de gober mon imitation posée au milieu de la rivière. Ca s’annonce bien !
20 min et le temps pour mes yeux de s’habituer au fond de la rivière, que je commence à comprendre la situation devant laquelle je suis. Une eau translucide, un joli pool avec un léger courant, un soleil radieux, et au milieu de la rivière des ombres qui se déplacent, et qui de temps en temps viennent monter en surface se saisir d’un insecte. C’est surréaliste, jamais je n’ai vu ça avant. Il y a bien 50 poissons dans ce minuscule bout de rivière de quelques dizaines de m²… Dans ma tête je me dis : « qu’est ce que je te sers ? sèche ? nymphe ? à vue ? » en réalité toutes ces options étaient possibles, et la seule difficulté était de sélectionner les plus gros poissons.
Une fois que les 15-20 poissons de la zone ne sont plus trop intéressés, il suffit de monter de 5-10 m, s’arrêter, scruter et recommencer… aller cette fois on se dit qu’on essaie tout en nymphe et à vue, un peu de piquant ne fera pas de mal. A tiens la taille des poissons est plus importante en nymphe… bon je vais continuer alors.
Au dessus, il y a une zone plus large avec une seule veine puissante, je vais voir si les poissons sont aussi là… Il s’avère que les poissons sont sur les bordures au milieu de blocs posés pour éviter l’érosion en direction de la route qui n’est pas loin. C’est une pêche de truite, les poissons sont en poste en extrême bordure, au milieu des blocs de granit de l’autre côté de la veine principale. En sèche, en nymphe c’est l’euphorie et tout à vu. L’hameçon vient à s’ouvrir, pas grave je le répare, il tiendra encore, puis 15 poisson plus tard, c’est finalement le nœud qui cèdera sur un ferrage un peu trop appuyé. Le poisson lui n’a pas bougé d’un pouce. Hum ! La pêche est plus sympa que plus tôt, c’est une pêche d’eau rapide, les dérives doivent tout de même être soignées et passer au bon endroit, le dragage ne semble pas être à leur goût. La 10 pieds est alors un atout intéressant.
Oh des fois en scrutant, je voyais une masse sombre au fond de forme allongée, mais pas certain que ce soit un poisson, ça ne bouge pas, ça peut être une pierre… Mais quand à la faveur d’un rayon de soleil, des couleurs bleutées apparaissent, il n’y a plus de doute possible, c’est encore un ombre. Je me suis même surpris parfois à regarder le poisson avec ces reflets bleus tellement c’est inhabituel et envoutant ! Bon après je vous rassure je le pêchais, avec souvent la réussite était au bout.
Les poissons : des ombres, des ombres et des ombres encore…
Leur taille : pour tout dire, c’est la première fois de ma vie que la taille moyenne est aussi élevée sur une partie de pêche avec autant de poissons… Très peu de poissons en dessous de 30 cm, la moyenne si situant entre 35 cm et 45 cm. Il y en a même un qui devait frôler les 50 cm tellement il était énorme ! Ils sont en forme, et parfois ma Marryat avait du mal à contrer le rush de certains poissons qui savent jouer du courant avec leur grande voile toute déployée face au courant. Mais quel plaisir de contempler ces reflets bleus, mauves et jaunes dans ce décor !
Une après midi de pêche, me voilà avec au compteur autant de poisson de sortis qu’en 20 sorties ou plus en France.
Mais cela restera intéressant pour s’améliorer techniquement en nymphe à vue. Et ce sera très certainement l’objectif des prochaines sorties.
Notifications