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23 mai 2011

29 - Finistère

Penzé

Breizhfish

Posté par Breizhfish… Grosse journée sur la Penzé ce samedi 21 mai… histoire de me refaire d’une précédente session sur cette rivière, voici 15 jours, et qui avait été médiocre (5 poissons dans l’après midi). Le trajet entre Rennes et le bassin versant de la Penzé est toujours le moment des choix. Deux heures de conduite à envisager les multiples options qu’offre l’ensemble des rivières entre Guingamp et Brest. Bifurquer à Belle-Isle-en-Terre pour explorer le bassin du Gwic ou du Haut-Léguer ?, s’arrêter au Douron ? faire les rivières de Morlaix, pousser jusqu’à la merveilleuse Elorn ou la secrète Flèche ? Non, c’est décidé, ce sera la Penzé que je considère, avec l’Elorn comme la plus agréable des rivières bretonnes, farcie de truites depuis sa source dans les monts de l’Arrée jusqu’à sa partie maritime. J’ai envisagé toutes les éventualités. Une canne courte de 6 pieds, une autre de 8, enfin une troisième, plus robuste de 8.6. Le temps est magnifique, un peu frais le matin (8°) mais un bon 22° annoncé pour la journée. Morlaix vient de passer et j’ai arrêté mon programme de la journée. Ce sera l’amont de Saint-Thégonnec pour la matinée, la partie aval juste au dessus de la partie maritime pour l’après midi, l’aval de Guiglan pour la soirée. 9h10, je gare ma voiture à 400m du moulin de Luzec, emprunte le GR360 qui s’enfonce dans la vallée jusqu’à la rivière. Les eaux sont extraordinairement basses, ont perdu encore 20cm depuis 15 jours et sont au niveau d’un début août. S’il ne pleut pas, l’été sera très difficile. Je longe la rivière sur 3km, descendant son cours pour arriver au point de départ de mon parcours. Pour cette première session de la journée j’ai privilégié la 6 pieds avec une soie triangulaire Wulff de 4, le niveau des eaux m’encourage à pointer en 14/100. Sur ce parcours encombré le lancer est court et précis. 10h20. Je suis en pêche… et les truites en activité. Mon Adam’s sur hameçon de 16 fait merveille. Les 500 premiers mètres de parcours m’offrent 11 poissons jamais de très gros sujets sur cette portion de rivière mais des truites rapides et nerveuses en diable qui n’excèdent pas les 28cm. Les 1000 suivants modèrent mes ardeurs. Ce parcours n’a pas été nettoyé depuis au moins 40 ans (je l’ai toujours vu encombré), la pêche est difficile, je ne parviens à toucher que 5 poissons en sortant 3 mais l’un d’eux fait ses bons 32cm pour un peu moins de 300g. Je perds également 3 mouches et passe de l’Adam’s (il ne m’en reste plus que 2 dans la boite)à une Parachute grise à corps olive sur hameçon de 14. La dernière portion du parcours correspond à l’aval et l’amont du moulin de Luzec. Ici encore le parcours s’est couvert depuis que le moulin a perdu sa fonction et que les biefs ne sont plus entretenus. Louvoyant entre les aulnes et les noisetiers, je parviens à sortir encore 8 truites dont une issue d’un poste impossible sous une généreuse touffe d’orties, en revanche les deux pools en amont du moulin ne donnent rien. Des bancs entiers de truites y folâtrent mais la mince lame d’eau rend le pêcheur bien trop visible. J’enrage lorsque deux beaux poissons de 35-36cm fuient avant d’être à portée de fouet. Il est 13.45, j’ai déjà une vingtaine de truites au compteur. Il est temps de passer à la seconde étape de mon programme. Direction le pont de la route Plouvorn – Morlaix. Ce second secteur est spécial. Au début du parcours qui se situe dans le bourg de Penzé, on observe une population mixte de truite fario, de mer, de saumon et de mulets. Vers l’amont plusieurs pools qui abritent aussi bien de jolies truites que des saumons. C’est aussi un parcours difficile, lent, capricieux, souvent meilleur en toute fin de saison lorsqu’arrivent les truites de mer à l’occasion des premières pluies qui annoncent l’automne. Cette fois c’est la 8.6 qui est de sortie, équipée d’une soie DT5F montée sur un Battenkill manuel. Une rencontre avec une truite de mer serait une bonne surprise mais prohibe l’automatique Abeille, incapable de rendre de la ligne. La casse assurée. En cette après-midi tiède rares sont les poissons en poste. A défaut de pêcher l’eau, je chasse le gobage. Les 400m en amont de Penzé ne donnent rien même si je connais par leur prénom les truites qui se cachent sous les souches. A tout hasard je propose une nymphe à un banc de 4 ou 5 mulets. Eux non plus n’ont pas très faim. Enfin un beau gobage dans un poste impossible. Le premier lancer finit dans les branches. Je casse; remets une mouche après avoir changé le bas de ligne. Second lancer trop prudent. Il manque 1m50. J’avance pour ajuster mon shoot. Peine perdue, un saumon de printemps d’une dizaine de livres en parfaite santé sort d’on ne sait où, me passe quasiment entre les jambes et bouscule ma gobeuse qui part bouder. Bon… Inch’Allah… si même les saumons s’y mettent… Je remonte encore vers la meilleure portion du parcours. Les eaux plus rapides, des fosses de 50cm, des souches où l’eau rebondit et ricoche entre les embâcles. 100m qui tiennent toutes leurs promesses. Je ferre trop tard sur la première truite mais les 3 suivantes sont pour moi. 16cm, 29cm et 21cm. Correct mais sans plus. Une autre, de taille moyenne (26-28cm) se détache après deux cabrioles. Enfin je termine par une section ou la Penzé s’étrangle entre deux murs de pierre et sous un tunnel d’aulnes et de frênes. D’habitude ces 200m m’offrent de fortes émotions. Cette fois je ne pourrai en tirer que 2 poissons passables (25 et 28cm). Il est maintenant 18h15. Temps de rallier le parcours dévolu au coup du soir… 10mn de conduite pour garer en aval du moulin de Trevillis sur la commune de Guiclan. Peut-être le meilleur des parcours de la Penzé. Ici encore 30mn de marche à travers les chemins creux bordant la Penzé sont nécessaires pour atteindre le début du parcours à Kerdraon. Cette fois c’est la 8 pieds avec de nouveau mon Abeille automatique qui est de sortie. Mon avant dernière Adam’s est nouée sur un bas de ligne refait de neuf. Un seul coup d’œil sur la rivière pour constater que les conditions ont changé. Des gobages réguliers viennent ponctuer les queues de courant. On a beau être le 21 mai, les truites sont à leurs postes d’été, sedges, perles, éphémères dansent à quelques centimètres de la surface. La soirée s’annonce parfaite… je me prends à espérer battre mon record pour le coup du soir qui tient depuis plus de 10 ans sur ce parcours (27 poissons). Hélas du souhait à la réalité il existe un gouffre qui s’appelle sécheresse et basses eaux. Si l’activité est soutenue ce n’est pas la folie mais plutôt un rythme régulier qui maintient le moucheur en alerte. Entre 19 et 20h00, je touche 5 poissons, en sors 2 seulement. Les trois autres se décrochent soit parce qu’ils ont été mal piqués soit parce que j’ai manqué de patience pour les amener à moi. Entre 20h00 et 21h00 la cadence s’accélère. J’en touche 9 et en sors 6 sur un segment de rivière que j’affectionne particulièrement : souches, fosses, bordures encombrées. J’y perds mon avant dernière Adam’s mais j’ai la satisfaction de mettre au sec (enfin façon de parler… j’évite de sortir « mes » truites de l’eau avant de les relâcher) un poisson de 35cm qui m’avait faussé compagnie au début du mois. Je le remets délicatement à l’eau… à l’heure où vous lirez ces lignes, il doit gober de nouveau. J’en fais un autre par accident alors que, distrait par des traces de mustélidés, je regardais ailleurs… Enfin voici le fameux coup du soir qui se profile… la folie ? Eh non ! pas cette fois… il fait trop frais et à partir de 21h15 les mouches semblent disparaître; trop tôt en saison sans doute. Je sors néanmoins encore 5 poissons sur 5 touchés mais manque LA grosse truite pour laquelle j’étais venu et qui depuis 15 jours doit avoir sa gueule décorée d’une de mes Pont Audemer. Manque de chance, c’est une autre, de 32cm toutefois qui se saisit de ma mouche alors que ma promise était bien là, en activité. A 22h15, après 12 heures de pêche non-stop (sauf pour les courts déplacements en voiture), je grille ma cigarette de la journée. Je n’ai pas mangé depuis 6h30 du matin, ma cuissarde droite a pris l’eau un peu avant midi et j’ai fait avec, j’ai perdu une demi-douzaine de mouches, je passe en revue la trentaine de truites de la journée, me remémore l’émotion intacte du saumon me partant dans les jambes, j’écoute tomber la nuit, se réveiller les chouettes hulottes, j’observe une renarde et ses renardeaux fureter le long d’une haie. Je salue la Penzé qui aura de nouveau tenu toutes ses promesses. C’était une belle journée de Mai, sur la Penzé en Finistère (Bretagne) Breizhfish

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