1,5°! C’est la température qui s’affiche sur le tableau de bord de ma voiture au moment où je me gare au bord de la Vienne ce mercredi vers 13 heures. Rien d’étonnant dans la mesure où un brouillard tenace cache depuis ce matin le soleil promis par les experts de la méteo. Inutile de préciser que mon optimisme est à peu près au même niveau. De toute façon, je ne suis pas monté sur la Vienne pour les ombres, mais pour tenter les brochets et les sandres avec mes plus beaux streamers. Mais, à tout hasard, j’ai pris mon matériel léger et les mouches qui vont avec histoire quand même, par acquis de conscience, de voir si Thymallus ne serait pas de sortie. C’est pourquoi j’ai fait quelques kilomètres supplémentaires, histoire de voir… Et pour voir, j’ai choisi un secteur bien ensolleillé (sic) sur lequel je n’ai pourtant rien attrapé depuis quelques années, mais qui donnait un peu plus tardivement que d’autres mieux peuplés. Une fois les waders enfilés par dessus deux couches de polaire, je descend à la rivière et commence mes observations : quelques petites mouches dérivent, mais aucune activité n’est perceptible, c’est le calme plat, pas un souffle de vent et toujours pas de soleil. Pour ne pas attendre en restant inactif, je décide de monter une nymphe et de continuer mon apprentissage de la pêche au fil. Je rentre dans l’eau, comptant prospecter une petite coulée bien marquée et, soudain, presque sous mon nez, un minuscule gobage vient crever la surface. Vu la taille du remous, je pense tout de suite à un blanc, mais, de nouveau, le poisson se manifeste et là, le rêve, j’aperçois un bout d’étendard ! Vingt secondes après, j’ai une sèche sur ma pointe et je commence à fouetter. Au deuxième passage, ma mouche et prise et après un très bref combat, vu le froid qu’il fait, c’est un 30+ que je ranime et qui repart dans le courant. Encouragé par cette prise, je reprend mes observations, mais je ne vois rien d’autre. Au bout d’une demi-heure, après avoir bougé un peu pour inspecter tout le secteur, je reviens sur les lieux de ma première prise et, là, environ 40 m en aval, ce sont deux poissons qui sont maintenant en place à moins d’un mètre l’un de l’autre, en train de gober allègrement les petites éphémères qui sont en train de dériver. Après quelque dérives infructueuses, l’un d’entre eux prend mon imitation et c’est une nouvelle prise, encore un 30+, ce qui n’est pas mal pour cette rivière où les poissons grossissent lentement. Apeuré par le remue-ménage fait par son confrère, l’autre ombre a arrêté de gober et toutes mes tentatives pour le faire monter seront vaines, malgré plusieurs changements de mouche. Des insectes dérivent encore, mais je ne verrai plus aucune manifestation en surface et en quelque minutes, l’éclosion cesse complètement avec le froid qui devient encore plus vif. Quoi qu’il en soit, deux belles prises, c’est plus qu’honorable pour l’époque, et c’est sans regret que je prend le chemin du retour. Jamais je n’aurais pensé à priori que la Vienne veuille jouer les prolongations, mais en cette fin de saison, c’est vraiment du pur bonheur!