J’ai revu ma maîtresse…

2 avril 2005

74 - Haute-Savoie

Ménoge

BleuVague

Dieu que cette pause hivernale m’a semblé interminable ! Certes la saison des neiges possède ses charmes, du moins au début… Mais lorsqu’elle s’étire en longueur, j’attrape à coup sûr, la grippe du moral; maladie bien connue du pêcheur à la mouche. Dès le mois de février, j’ai, comme beaucoup de passionné, astiqué mon matériel et tracé chaque matin au réveil une croix sur mon calendrier de « pré-ouverture ». Plus les croix sont nombreuses, plus ma grippe du moral semble s’atténuer. Ces fameuses croix sont en sommes mes antibiotiques, une dose matinale et quotidienne m’assure d’un prompt rétablissement. Du reste au fil des jours mon état s’améliore tellement, qu’à la veille de l’ouverture, j’ai l’impression d’avoir avalé une boîte complète d’amphétamine. Le résultat : je deviens intenable, un vrai cabri, je saute dans tous les sens. Il me faut vérifier la météo une bonne 10ème de fois, et surtout monter vit vite la Mouche. J’insiste sur la majuscule, il ne s’agit pas de n’importe qu’elle mouche… C’est la mouche du jour d’avant. La mouche qui va prendre la Truite et pas n’importe qu’elle truite, la Truite de l’ouverture. En résumé on dirait un jeune damoiseau qui voit pour la première fois le soutien-gorge de sa petite amie tomber les masques ! Et la nuit d’avant, il m’est impossible de trouver le sommeil tant je suis excité à l’idée de revoir ma rivière. Certes cette année j’ai du attendre jusqu’au 4 avril pour la faire mon ouverture. Mais cette fois ça y est ! Arrivé sur le parcours mouche de la Ménoge vers midi sous un soleil radieux. Je me sens tout fébrile, et il me faut près de 30 minutes pour être fin prêt. A trois reprises en montant ma canne j’oublie un anneau au passage, quelle poisse ! Me voici enfin au bord de l’eau… J’observe, il n’y a pas d’éclosion marquée, la rivière semble calme et la température de l’eau confirme qu’un peu plus haut, il doit rester quelques plaques de neiges. Soudain à ma gauche j’entends un petit « gloups » discret, je tourne la tête et remarque les ronds caractéristiques, d’un gobages, qui finissent de mourir dans l’eau. N’arrivant pas à identifier les quelques insectes qui percent la surface, je décide de monter sur ma pointe une A4 teinte jaune en taille 18. Un faut lancer (le premier de la saison), puis ma mouche se pose sur l’eau. Une seconde puis deux… Remous ! Je ferre sans trop y croire ! Ma Winston WT 7,6 pied soie de 4, que j’inaugure du reste aujourd’hui, se tend. Mon cœur bat plus vite. J’en tiens une ! Et pas n’importe laquelle ! La première de la saison, et excusez du peu ceci lors de mon premier lancé. Il faut noter qu’elle n’est pas bien grosse à peine 20 cm, mais quel bonheur, c’est incroyable ce que la pêche peut procurer comme sentiment de bien être ! Je la regarde filer pour rejoindre sa cache et remercie St-Pierre pour sa bonté. A peine ai-je le temps de sécher ma mouche et de vérifier l’état du nœud, que j’entends un nouveau « gloups » ! Je tente ma chance et à ma grande surprise, j’en repique une. Non c’est pas possible y mon vendu une canne magique, il y a du Harry Potter là-dessous ! A moins que UNR ait revêtu une combinaison de plongée et accroche sciemment une truite à chacun de mes passages pour me faire plaisir. Je n’aurais jamais du lui dire que je comptais venir dans les parages aujourd’hui ! Il est blagueur le bougre. Mais si il pouvait accrocher des truites un peu plus grosses ! Car celle là non plus ne dépasse pas les 20 cm. Non mais ce que je deviens exigeant moi ! Et vous me croirez si vous voulez, mais 5 fois de suite j’ai ferré une truite. J’en ai perdu mon latin. Comment est-ce possible ? Je vous le dis tout nette, un moment j’ai vraiment cru que c’était pour la caméra invisible. Qu’un gugus me faisait une bonne blague. Cela ne m’était encore jamais arrivé. Imaginer un peu ! Les 5 premier lancés de la saison, 5 truites. C’est simple, il y a une grosse cagnotte cette semaine au Loto et bien arrêter de jouer, ce n’est plus la peine, c’est moi qui vais gagner ! Je vous rassure la suite de ma journée n’a pas été couronnée d’une truite par lancé, il ne faut pas exagérer tout de même. J’en ai fait encore 2 en sèches, toujours des petites, et une en nymphe. J’ai repéré une ombre en mouvement dans la rivière, j’avais alors une un casque d’or au bout de ma ligne. J’ai lancé en amont de l’ombre repérée, et là ma canne c’est sérieusement plier. J’ai senti au ferrage que « Mademoiselle » fario devait cette fois ci faire plus de 20 cm. En effet après avoir tenter de m’échapper en s’aidant de la force du courrant, j’ai peu constater que la « demoiselle » mesurait 39,5cm… Tout juste pas 40. Elle n’était pas bien épaisse, mais toute en muscle, avec une robe aux points rouges bien marqués. Un pur régale. Je suis parti à regret, mais le cœur heureux. Aujourd’hui j’ai fais ma plus belle ouverture et j’en remercie ma maîtresse la rivière.

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