Pas découragé par les bredouilles précédentes je me lève avant le jour et file dans la nuit vers un lac des Landes réputé « peu profond et truffé » de brochets ». Il fait toujours nuit quand je trouve le lac. Presque 300 hectares, je vais avoir l’air malin là dedans en float tube moi! Heureusement, des affûts de chasseur rompent la monotonie de l’eau plate, comme autant d’ilôts. Les herbiers nappent la surface sur des étendues immenses. Quel terrain de jeu ! Et voila que le soleil se lève. Je devrai m’équiper, gonfler ma bouée, monter la canne, faire des noeuds, mais je reste au bord à profiter paisiblement du spectacle. Un coup de fusil interrompt ma rêverie. Et oui, la chasse est ouverte. La plupart des canards que je vois sont en fait des leurres en plastique, et ceux que j’entend sont en cage, disposés autour des affûts, pour attirer les canards sauvages et leur donnée la mauvaise idée de se poser là. Les coups de feux s’espacent enfin et je me met à l’eau. Les herbiers que je voyais depuis le bord sont bien réels, et denses. Une mouche dotée d’un anti herbe parfait est indispensable sinon elle ne nage pas plus de 2 cm. J’en ai fait l’expérience plusieurs fois avant de tomber enfin sur une mouche qui parvenait à se frayer un chemin dans les herbiers. Petit soucis annexe : le float tube, même en V, est tout à fait inadapté à la navigation dans des herbiers denses. Quand il s’agit de faire quelques mètres, ca va, mais plusieurs centaines, c’est exténuant. On a vraiment l’impression de pédaler dans la choucroute ! Heureusement je prendrais un poisson assez tôt dans la matinée, ce qui me donnera le courage de palmer quasimment sans arrêt toute la journée. Petite pause à midi pour changer de lac. Un étang à taille humaine se situe juste derrière et il a l’air intéressant. Je repère quelques chasses et j’ai même un poisson qui suit le stream. J’arrache et relance dessus mais il avait continué sur sa lancée, si bien que je l’assome avec la soie. Il fuit dans un grand remous … Un peu plus loin il y a eu une chasse en bordure. Je palme comme un damné pour m’en approcher, pose la mouche dessus et elle est prise immédiatement, dans une impressionante gerbe d’eau. Je suis tellement surpris que je ne ferre pas ! Je relance immédiatement et le poisson attaque mais je rate le ferrage. Rebelote et cette fois ci la prise est bonne, ouf ! Petite bataille dans les herbiers. Ca sera le dernier poisson de la journée. 1m20 de brochet, pas si mal! Bon, ok, c’était en deux poissons, mais bientôt, peut être, un gros. Rêvons un peu, c’est ça la pêche !
