Dès sa construction, il devient un obstacle infranchissable car l’ouvrage mesure 17,7 m de haut, et n’est alors pas équipé de dispositifs de franchissement. L’accès à 60 % des meilleures frayères à saumons du Haut Allier est alors condamné, et dès 1950, le nombre de captures de saumons réalisées sur l’Allier n’est plus que le cinquième de ce qu’il était avant guerre.
L’idée de construire un barrage sur le site actuel de Poutès remonte à l’entre deux guerre, mais l’autorisation ne sera jamais obtenue. La construction de l’actuel barrage débute en 1939 et sera terminée en 1941 pour faire face à la situation de guerre dans laquelle est le pays. Pour les mêmes raisons, aucune demande d’autorisation n’est réalisée à l’époque. Le barrage de Poutes a donc été bâti sans autorisation.
Dès sa construction, il devient un obstacle infranchissable car l’ouvrage mesure 17,7 m de haut, et n’est alors pas équipé de dispositifs de franchissement. L’accès à 60 % des meilleures frayères à saumons du Haut Allier est alors condamné, et dès 1950, le nombre de captures de saumons réalisées sur l’Allier n’est plus que le cinquième de ce qu’il était avant guerre. Le barrage est donc à lui seul responsable du déclin important de la population de saumon au milieu du siècle précèdent.
Actuellement, le barrage de Poutès a été équipé d’un dispositif de montaison constitué d’une passe à bassins permettant l’accès à un ascenseur qui remonte automatiquement toute les demi-heures, et déverse les poissons dans une goulotte qui les conduit dans la retenue.
La dévalaison se fait au moyen d’une glissière qui amène les smolts au pied du barrage.
Ces équipements ont permis depuis 1986 la recolonisation partielle du Haut-Allier par le saumon, cependant, il reste de nombreux points noirs au niveau de l’installation de Poutès Monistrol.
Concernant la montaison, on observe un blocage au niveau de l’usine pour environ 15% des saumons durant tout l’été, en attente de débits suffisants. Pour le tronçon court circuité de 9 km de long entre l’usine et le barrage, en l’absence de surdébit (naturel ou volontaire de la part d’EDF), on assiste à des difficultés de franchissement des obstacles par les saumons ayant passé plus de trois ans en mer, et ce malgré un débit réservé correspondant au 15 ème du module.
Au niveau du barrage, on note un blocage dans environ 50% des cas en première approche, et une partie des saumons de printemps ne franchit le barrage qu’en début d’automne.
Concernant les smolts, on note selon les différentes études réalisées une mortalité comprise entre 37 et 52% pour la traversée de la retenue, et au final seulement 1/3 des smolts entrant dans la retenue arrivent vivants au niveau de Monistrol.
Le barrage est donc responsable non seulement d’une perte de potentiel de reproduction par une limitation à l’accès aux frayères, mais en plus, de la perte des 2/3 de la production des frayères situées à l’amont. A cela il convient de rajouter les mortalités qui surviendront en fin de parcours dues aux retards pris lors du franchissement du barrage.
Poutès a donc été un élément majeur du déclin du saumon sur l’Allier au cours du XX éme siècle, et est aujourd’hui un obstacle majeur à son retour, même si aujourd’hui de nombreux autres obstacles se dressent sur sa route.
De plus, aujourd’hui, la France n’est plus dans une situation d’urgence énergétique comme cela était le cas en 1939, et même si les énergies renouvelables, sont aujourd’hui un enjeu majeur pour l’avenir, le maintien de Poutes ne se justifie pas au niveau énergétique. Dans les conditions d’exploitation actuelles, Poutes représente seulement 0,015% de la production totale française, et moins de 0,1% de la production d’énergies renouvelables. A ces considérations, il faut ajouter que en cas de non démantèlement de Poutès, EDF s’engage à prendre des mesures en faveur du saumon qui auront pour effet de réduire encore l’importance relative de ce site.
C’est pourquoi, le démantèlement du barrage apparaît à la fois nécessaire si l’on veut donner les meilleures chances au retour du saumon sur l’Allier, mais aussi un juste retour à une situation normale, par la disparition d’un barrage qui n’a jamais obtenu d’autorisation de construction, et revenir à une rivière intacte. Cette décision difficile dans le cadre des tendances énergétiques actuelles serait une preuve donnée par le gouvernement, mais aussi EDF que les engagements en terme de biodiversité ne sont pas des promesses électoralistes et mercantilistes, mais bien une réelle préoccupation.