Au départ je devais me lever à 5h du matin, histoire de fuir la chaleur étouffante qui s’est installée sur nos contrées… La réalité c’est que j’ouvre le premier oeil à 10h48. Ceci étant, ça m’aura permis de cuver les excès de la veille. C’est donc en pleine forme que je pars faire un peu de prospection, voilà près de 3 mois que je n’ai pas fureter en dehors de mes territoires connus. Je recherche plus particulièrement des secteurs PME (Peu Mais Enormes). Je pars pour la « Moyenne Rivière d’Ain », que je ne connais pas, j’arrête bientôt de compter les voitures garées aux accès pour la rivière. C’est blindé. Je grimpe encore un peu plus et les coteaux écrasés de chaleur du Bugey se resserrent… Dans le même temps, la rivière, barrée à de nombreuses reprises, ne se prête plus trop aux salmonidés. Ambiance estivale autour des lacs, je décide donc de rechercher quelques gros cyprins en attendant l’orage qui tonne au loin. 3 heures de berges pour pas grand chose, je pensais qu’il y aurait au moins quelques carpes en bordure… Heureusement la pluie vient enfin me libérer de la chaleur accablante. Je me dis alors qu’il pourrait être opportun de confronter mon récent regain de confiance à la dure réalité du no kill de Jeurre, sur la Bienne, à quelques minutes de voiture, en espérant secrètement que la pluie a rebattu les cartes… Comme je pense tous les pêcheurs qui s’y rendent, je regarde avec angoisse si beaucoup de voitures y sont stationnées (vous savez là dans la grand ligne droite…), pour finalement ne repérer qu’une voiture. Je trouve un coin peinard et jette un oeil à la rivière… Et là, sur le lisse, quelques bulles, régulières, je pense d’abord à des ombrets et me rend sans me hâter à l’aval de l’étendue d’eau. J’assiste alors au plus beau des spectacles pour un pêcheur à la mouche, plusieurs truites maraudent sous la pellicule et viennent à peine embrasser les minuscules mouches qui se débattent… Avec plus ou moins de régularité, celà durera 4h, le temps pour moi de casser au ferrage, puis de décrocher (ben comme j’avais cassé j’ai ferré plus doux la 2ème fois !), de louper deux gobages, sans parler des magnifiques refus que j’ai essuyé… Mais en fin de soirée, les sedges s’en mêlent, le gobage n’est plus un léger baiser humide mais un gros patin bien baveux. L’émergente finira engloutie sous la branche… Ferrage à l’oreille, ça remue mollement avant de descendre à fond de train la rivière, entrainant chez moi une chorégraphie du plus bel effet, sachant que dans la même impulsion j’ai du resserrer les jambes pour empêcher à la futée de s’y faufiler, tendre la canne très haut et tirer sur la soie pour gagner les mètres rendus par la truite en quelques fractions de seconde… Le reste est plus serein, ça tire mais il y a de la place, je suis en 13°° et j’accompagne le poisson, n’ayant plus de soucis de discrétion vu l’heure avancée. Lorsqu’enfin je me saisis du poisson, j’ai du mal à y croire, c’est une superbe beauté fuselée et dorée, quelques photos dans l’eau, une un peu au dessus et le poisson ondule dans l’obscurité… Ma plus belle à ce jour ! Super moment, chouette coup de ligne et surtout conditions idylliques, avec des poissons ardus mais prenable, des loupés, des casses, c’est comme ça qu’on apprend. Reste que la Bienne est à un étiage sévère, pour combien de temps vais je pouvoir profiter de ses trésors ?