Les sous-bois de hêtres se dorent au couchant. La journée de pêche sur le lac de la Jordanne s’achève. J’y aurai vu des accouplements de crapauds aux si beaux yeux, les jeux aériens du couple de grands corbeaux partageant leur falaise avec un couple de faucons et … des truites « neuves », brillantes des flancs et au dos noir, à la nage rapide, opportunistes et puis, les « anciennes » plus maigres, couleur de terre. Tout ce petit monde acclimaté se découpant sur des eaux bleues. Les rescapées de la saison précédente ne se précipitaient pas sur les imitations, les inspectaient avant de les refuser ou de s’en saisir tout aussi promptes à les recracher… Les plus « éduquées » circulaient comme si de rien n’était, passant calmement, ignorant l’ imitation. Elles ont maintenu ma concentration lors de cette journée lumineuse et peu ventée. Nonchalantes dans leurs circuits, à l’ombre des aulnes, elles se tenaient suspendues, guettant les nombreux vairons des banquettes tièdes. Le matin, beaucoup de poissons maraudaient en bordure puis avec la hausse du thermomètre c’est plus au large que ça s’agitait; les sillages provocateurs des nemoures réveillèrent la surface et moi avec. Pêche à vue, en petite nymphe et en sèche, c’est plaisant. Des poissons de taille très moyenne, la plus grosse prise accusant 1,5 kg, certaines plus vigoureuses tentant et réussissant à plusieurs reprises à se libérer le long des tombants si abrasifs pour les pointes de bas de ligne. En regardant la belle rivière Jordanne qui longe le lac, je rêvais : des gros poissons sauvages, devant tous ces blocs volcaniques, nymphant dans les courants transparents ; ils offriraient une pêche à vue de tout premier ordre…
