Je retourne encore une fois sur le bas de l’Allier qui m’envoûte toujours autant. J’ai peu d’espoir, le temps est trop clément et le soleil pas assez voilé ne me rassure pas.
Pourtant arrivé au bord de l’eau j’observe déjà des petits voiliers qui dérivent. Aucune activité d’éventuels poissons, mais sur la rive d’en face je vois un animal plonger, le dos rond, puis la queue qui s’immerge. Aucun doute possible c’est une loutre. Elle remonte à la surface quelques mètres en amont et j’ai la confirmation qu’il s’agit bien du bel animal, poitrail clair, souplesse et discrétion. Elle nage, rejoint la bordure, se faufile entre les rochers, elle finit par disparaitre dans sa catiche, un amas de blocs rocheux au pied d’un arbre. C’est ma deuxième observation de loutre en pleine journée cette saison.
Je me mets à la pêche plus bas et sans activité visible j’attaque en noyée. Le premier courant ne m’offre pas même une tirée, seul le léger contact avec une feuille morte vient rompre parfois la monotonie des dérives. Je m’arrête sur une fin de plat, les voiliers sont nombreux et pourtant après dix minutes d’observation toujours pas de gobages. Je continue ma descente, le dernier courant ne m’a jamais rapporté le moindre poisson mais j’y crois. Après une trentaine de mètres il me semble avoir vu un léger gobage au niveau de mon train de noyées, je n’ai pas senti la moindre tirée. Je relance au même endroit. Rien. Nouveau lancer, j’anime légèrement quand les mouches arrivent dans le secteur du supposé gobage et je ressent enfin les coups de têtes d’un poisson. La défense acharnée ne laisse pas de doute. Il s’agit bien d’un ombre, 32cm de finesse.
Pas d’autre touche jusqu’à mon départ, et les voiliers continuent de défiler…