Grand vent Ce vent violent qu’ils appellent l’Autan ne me gêne pas, au contraire : combien lui dois-je d’insectes précipités à l’eau, combien de grandes pluies bienfaitrices a-t-il annoncées quand il vire au noir comme aujourd’hui ? Pourtant cette fois-ci un grand dadais poussant, suant, est arrivé jusqu’ici, le vallon encaissé où je vis étant totalement à l’abri des rafales. Une intrusion dans mon monde si près du vôtre, enserré dans la forêt, où l’eau de ma vie est un don des grands hêtres et des frênes que vous continuez à remplacer par des résineux. A l’aval, des troncs tombés barrent le ruisseau ; il y a des cascades que nous peinons à remonter ; des ronces partout… L’étau de granit se resserre parfois tellement que l’eau folle des orages d’automne en submerge les mâchoires grises. Tout au dessus de moi, les nuages défilaient, mais la cime des arbres protecteurs ne bougeait pas. L’air était épais, le plomb du ciel pouvait laisser croire que la nuit approchait. Je n’ai rien vu, qu’une drôle de bestiole jaunâtre et bourrue qui allait m’échapper. Puis il y a eu cette piqûre. J’ai tiré fort, j’ai tout fait pour échapper à l’étranger mais c’est lui qui m’a délivrée et j’ai retrouvé ma cache au plus froid sous la pierre. Je ne sais pas si d’autres viendront…
