Deux mois sans pêcher, pas le temps, pas l'envie. Comme si la petite flamme de la pêche à la mouche qui brûle en moi vacillait. Puis comme tous les ans pour la fermeture, un plan descente… qui tombe à l'eau à la dernière minute. La faute à une grosse panne de voiture nous décidons avec Stef@ de faire une partie du bord pour marquer le coup juste quelques heures en matinée. RDV à 8 h chez lui sauf qu'à 9 heures, je tourne et je vire à la maison pour chercher mes chaussures de wadding. Impossible de mettre la main dessus malgré une heure de recherche. Je ne les ai pas utilisées depuis la Nive. C'est ce qui arrive lorsqu'on pêche tous les 36 du mois. En désespoir de cause, je fourre mes vieux néoprènes troués dans la benne résigné à me baigner les pieds. De toute façon, je n'ai qu'un seul et unique stream en état de marche, ça ne durera pas longtemps. C'est la misère. Mais bon, c'est la fermeture. 11 heures moins 10, nous ne sommes toujours pas dans l'eau. J'ai laissé le boîtier pour fermer les portes du PU à la maison et la clé refuse de verrouiller. Deux loomis, deux portefeuilles à braquer… Tout va bien. Mais signe du destin, j'ai retrouvé mes chaussures de wadding bien rangées dans le petit espace derrière la banquette arrière. 11 heures 10, les yeux qui brillent, je regarde partir le poisson de ma saison, celui de la photo. Hébété, j'admire cette vallée majestueuse, l'eau qui coule, les autres pêcheurs. Je suis sur mon nuage, hors du temps, j'ai réussi ma fermeture et je savoure. Je suis prêt à rejoindre Stef qui est un peu plus en aval lorsque je réalise que je n'ai peigné que le coté droit cette belle veine. Trois lancés plus tard, nouveau choc dans le liège de la Hardy et ça tire fort, encore plus fort. Un nouveau lingot d'or, une femelle ce coup-ci, taillée comme une carpe. Prise aussi simplement que ça. Je repense à toutes ces journées à pêcher comme un forcené sans rien prendre, à douter, à désespérer, à se dégoutter. Et pourtant, avec les mêmes mouches, les mêmes lancers et les mêmes dérives un jour où tout part en vrille ça pogne gros à tous les coups. En demi heure et trois douzaines de lancer, je prends deux poissons trophées de toute beauté. C'est sans doute ça le plus dur dans le stream, le fait de savoir que l'on ne pêche que si le poisson est dehors quel que soit l'application qu'on met à pêcher. Très compliqué de progresser avec ce « tout ou rien ». En tout cas, la petite flamme qui brûle en moi n'est pas prête de s'éteindre avec tout ça. Les tofs sur mon glob si je trouve 5 minutes.
