Nous voici en ce jour tant attendu de l’ouverture. Moment espéré, rêvé où les belles, ponctuées et apaisées retrouvent une quiétude toute relative suite à l’effervescence de leur ébats frénétiques. Toute relative car nous en conviendrons, cette journée sonne pour nombre d’entre elles affamées et naïves le glas d’une vie ô combien éprouvante. Loin de moi l’idée de ruminer une nouvelle fois sur certains comportements de nos collègues pêcheurs mais force est de constater que beaucoup attendent ce jour aussi fébrilement que nous. Cependant, il nait de ces journées, bon nombre d’histoires plus ou moins cocasses. Et cette ouverture 2010, ne dérogea pas à cette règle immuable. Rendez-vous est pris pour 8h00, je passe prendre Fred (ou plutôt le réveiller…) et nous rejoignons Jean Marc pour le début de notre covoiturage saisonnier (développement durable oblige). Fébrilement nous remontons la rivière à la recherche d’un secteur peu fréquenté. Nous constatons évidement de nombreux parkings sauvages aux abords de tous les ponts. La réflexion nous amène à nous installer sur notre secteur privilégié, relativement à l’écart des grands axes. La rivière est claire, les niveaux sont superbes bien qu’un peu haut. Nous décidons d’entamer là notre « retour à la rivière ». Nous verrons 3-4 pêcheurs nous frôler sans un mot (…). Une bonne matinée néanmoins, à dérouler la soie, à retrouver les réflexes et l’observation de chaque poste. Quelques poissons vus, quelques prises, quelques accrochages, quelques pertes de mouches, tout pour une ouverture réussie. Midi approchant, JM saisit son téléphone mais est devancé par la sonnerie ; c’est Seb et Jef revenant d’un secteur amont. D’un commun accord, l’après-midi et le casse-croûte s’effectuera ensemble sur un secteur aménagé en bordure du cours d’eau. Nous nous installons et bientôt, pâté, omelette, cake, côte de Bergerac moelleux, bordeaux se côtoient sur la table. Rien ne vaut la convivialité et le partage avec un œil sur la rivière et une main sur le verre ! Nous observions un banc de vandoise qui allait et venait sur le lisse, quand Fred est attiré par le devant d’une pierre immergée. Elle est là, nonchalamment posée au fond, sans réaction devant les passages répétés de ces blancs que le soleil a ravivé. Nous sommes debout sur la berge nue quand Fred, ayant récupéré son fouet dans la voiture, lui propose une superbe nymphe réalisée de main de maitre. Après 6 lancers quelques peu approximatif (la présence d’un vent désagréable de nord, nord-est ainsi qu’une très courte nuit explique certainement ce léger déficit qualitatif), nous rejoignons la table non et laissons Fred dans son entêtement. Il faut dire qu’une truite postée à 6 mètres de la berge sous 40cm d’eau à la vue de 5 bonshommes postés et discutant en amont de sa position ne doit pas être trop enclin à mordre ; malgré la qualité de l’imitation… Nous revoilà attablés quand un éclat de voix nous fait nous retourner. La truite a pris ! Je saisis l’appareil photo pour immortaliser cette première de la saison. Celle-là, elle en voulait ; l’anecdote est maintenant entrée dans la légende des experts marnais : la truite de la table !
