Ah le vendredi, ce jour devrait être sanctifié. Qui n’a jamais trépigné à l’idée que dans quelques heures, il échapperait aux immuables rouages de la vie professionnelle ? Je vous le dis, il me faut une rivière. Des températures bien inférieures à l’isotherme 0°c, de la neige en veux-tu en voilà, des conditions de circulations extrêmes, il n’en fallait pas plus pour me décider à l’organisation d’une virée halieutique. Néanmoins, la passion doit de temps à autre, se soumettre aux exigences de la raison. C’est pourquoi, une équipe complémentaire est nécessaire. Allo Jean Marc ! Qu’est-ce que tu fais samedi, une éclosion est prévue à 11h… Rapide visite sur le site cher aux pêcheurs migrants et il n’en faut pas plus pour fixer l’heure de départ vers les rives givrées ; seulement les rives ? Matin frisquet, poisson en activité ! Tel pourrait être notre crédo. Des croissants tout chauds accompagnent le café et nous voilà partis vers les secteurs convoités où notre ami Thymallus aime à se gaver. Longeant les accotements enneigés, nous décidons qu’un arrêt au stand était nécessaire afin de parfaire l’accompagnement de cette ultime sortie palmiste. Quelques tours de parking plus tard, nous voici équipés : chaussettes en laine, jogging, sous-pull, pull, polaire, bonnet et bien sur le waders néoprène ! Le temps est ensoleillé, le froid certes est sec mais ne nous frigorifie pas. Nous y sommes, le coin est superbe ! Les rives sont blanches, l’eau est claire avec des reflets dorés par les rayons généreux de l’astre bien veillant. Quelques passées en sèche et … tiens mon waders est toujours troué ! Jean Marc essaie quelques coulées en nymphe sans trop de réussite. Il nous faut être en condition… L’appel du casse-croûte dans la neige a été le plus fort. Un arrêt somme toute un peu court mais salutaire. Les lancers se succèdent quand… « VIENS, VIENS, une Bécasse ! » Je pose le fouet sur les frondaisons et j’accours (depuis le temps j’ai presque oublié comment s’était). J’arme l’olympus et avance entre les taillis. La voilà qui décolle juste après mon passage (classique !), la belle traverse la rivière et se repose. L’APN est toujours armé… Nous décidons de remonter vers le courant porteur qui ne nous a jamais fait défaut cette année. Jean Marc se poste et attaque en nymphe. A peine suis-je positionné que le bougre est attelé. Sans perdre une minute, APN sorti, photos, photos et encore photos et je le rejoins. Un bel ombre se laisse glisser dans l’épuisette. Quel pied ! Ce n’était pas gagné mais nous l’avons fait, l’ombre de noël ! Finalement, nous réaliserons d’autres prises au cours de ces quelques heures mais encore une fois, qu’il est bon de partager de tels moments. Sans attendre la tombée de la nuit, nous rentrons d’un pas décidé à la voiture. Nous sommes congelés ; enfin surtout mon pied droit ! Ah oui, pour tous ceux qui nous jugeraient bons pour l’asile, je rappelle que nous n’étions pas les seuls au bord de l’eau, une mordorée nous accompagnait ainsi qu’un goupil ! photos sur le fil…
