Loosing days…

12 juin 2010

39 - Jura

Bienne

fanfouet

Le programme de la fête d’anniversaire précoce de l’ami Alx devait être un gros week end de camping sauvage au fond du Jura dans les gorges encaissées de la Bienne. Nous partons avec mon ami Nico dès le jeudi après midi pour arriver au no-kill du bas pour le coup du soir. Goran Bregovic chante follement dans les haut-parleurs de ma vielle clio, communiant sa musicale jovialité balkane avec notre joie de partir à l’aventure ! Quelques poissons aperçus avant la dangereuse proximité d’un orage qui sonna la fin de la pêche à 21h30 nous font espérer un lendemain prometteur. Après une nuit de tergiversations entre planter la tente ou dormir dans la caisse, on décide finalement d’installer les toiles afin de sommeiller allongés non sans avoir mangé dehors sous la pluie… Danakil me réveille sur mon téléphone à 6h tapantes et je retrouve la rivière somptueuse après un jus de pomme et une brioche. Les truites sont énormes, nombreuses, racées… et infaisables. Je pense qu’il faut véritablement de très nombreuses heures de pêche sur ce no-kill pour rien qu’en intéresser une seule. Par contre, quel spectacle que ces grands poissons zébrés maraudant lentement sur les bordures, tantôt ombres fantomatiques se confondant avec le lit jaunâtre de la rivière, parfois apparaissant très nettement, toutes proches, presque trop, piochant une larve au fond et s’en allant d’un coup de caudale souple et dédaigneux en nous laissant patauds et imbéciles, impuissants pour l’instant mais assoiffés d’apprendre. Le challenge est de taille car elles connaissent la musique par cœur, n’acceptant aucun « ploc » et aucune nymphe en phase descendante. On monte à Saint Claude en milieu d’après midi pour boire un jus et acheter les permis et on va au point de rendez vous beaucoup plus haut sur la rivière. Les zigotos (Alx et Clema74) sont bloqués sur l’autoroute, je pète une truite de 40 en nymphe à vue au gammare, il commence à pleuvoir un peu, j’attrape une truite de 30 en nymphe à vue au gammare, le Nico fait trois truites en sèche, il pleut plus fort, on y voit plus rien, le bois sera mouillé ce soir, la pêche devient galère et inintéressante et on va encore dormir trempés. Les gaillards arrivent vers 21h30, on fait la connaissance de Christophe et on refléchi un peu sous la pluie qui redouble encore d’intensité une solution pour manger et discuter quand même un peu et boire un coup ensemble… Finalement, on met les deux bagnoles cul à cul, on ouvre les coffres et on tend une bâche entre. Entassés dessous, on partage une divine bouteille de Bugey et avec les doigts un poulet rôti réconfortant. Quelques verres, heures et litres d’eau sur la bâche plus tard, une accalmie nous permet d’installer les tentes sur un sol détrempé. Pas grand-chose à dire sur la journée du lendemain, beaucoup de crapahute dans les gorges aux berges rocheuses, un peu de monde à la rivière quand même, très très peu de poissons et de gobages vus, beaucoup trop peu. Quelques petits poissons en sèche et en nav ne nous satisfont pas. On décide de redescendre un peu ou on trouve un coin charmant pour camper à part les quelques caravanes abandonnées dans un champ à côté toutes droites sorties d’un décor de mauvais film d’horreur américain qui ne rassurent pas trop Alexis et Nico, Christophe et moi étant beaucoup plus sereins quand à l’absence de boucher schizophrène ou autres zombies décharnés dans le coin… Au coup du soir, on voit quelques gobages sur une bordure, on touche un poisson chacun notre tour au premier lancer, quelques mouches de mai puis plus rien. Enfin un feu crépite dans une nuit sèche, on peu s’asseoir par terre, faire chauffer deux boîtes de cassoulet dans les braises et partager notre frustration de poissons et de gobages, et aussi encore quelques verres de cet exceptionnel vin. Après cette nuit revigorante, nous décidons d’aller explorer un secteur bien plus à l’aval. Après le traditionnel arrêt café-viennoiserie-caca au bistrot à Saint Claude, on repart, on fait quelques kilomètres et on gare les voitures. On s’équipe et on descend à l’eau vers 10h. La journée de pêche démarre sur les chapeaux de roue car dès le premier poste, le Nico voit une truite énorme en poste, dans un léger courant, e,tre deux eaux. Elle est à trois mètres du bord, un gros rocher sur la berge permettra de se cacher et de l’attaquer en toute discrétion et elle s’alimente tranquillement de larves dérivantes. Je filme les deux premiers coups d’arbalète, pas le troisième sur lequel elle se décale lentement, stoppe sur la nymphe de mon ami et ouvre une gueule énorme. Ah, ça non, elle a pas aimé le ferrage. Moi si, j’ai gueulé comme un putois ce qui a eu pour effet de faire croire à nos acolytes de l’amont qu’enfin on avait réussi à en mettre une belle à l’épuisette! Dix mètres de soie sont sortis en quelques secondes quand elle a piqué un sprint vers l’aval en passant sous tous les blocs rocheux de la bordure. Deux « PUTAAAAAAAAAIN » sont sortis de nos gorges stupéfaites exactement en même temps quand le nœud de jonction de la pointe à finalement cédé. La longue, monotone et légitime frustration du Nico n’arrivait pas à entamer mon espoir. Dès le premier poste, un tel poisson dehors ! On allait vivre une journée inoubliable ! Ce fut le cas… Nous n’avons vu aucun autre poisson pendant des heures (à part deux truites qui on manqué les streamers d’Alex et Christophe) malgré des kilomètres de berges très encombrées, tellement que j’ai pété ma canne dans une putain de forêt moussue. La chute habituelle du grand est cette fois-ci très impressionnante. Tête la première du haut d’un talus rocheux, il plonge vers la rivière profonde et glacée en criant. Tel un monstrueux d’un quintal, il réussi je ne sais comment à se retourner pour tomber à plat sur le dos d’une hauteur de plus de deux mètres sur une marche en s’arrêtant à 15cm du courant. Quel bruit ! Je me voyais déjà aller chercher les autres (on avait évidemment ni l’un ni l’autre notre portable) et attendre l’hélicoptère en lui faisant boire un peu d’eau, tout peureux pour l’avenir de sa psychomotricité… L’animal est solide finalement, il aurait pu au moins pété sa canne comme moi mais Monsieur préfère encore me faire une frayeur, plus justifiée certes que celle qu’il m’avait faite l’année d’avant en revenant très en retard de la pêche… Enfin bon, encore une bonne partie de pêche bien merdique, dans un décor tout de même hallucinatoire de beauté. On déjeune aux bagnoles à 18h, un aigle plane tout en haut, on boit une mousse fraîche méritée au troquet du coin et on se sépare tout de même ravis. Après avoir croisé un chamois broutant à trois mètres de la route, Alexis nous apprends que la bagnole que Christophe avait laissée sur une place à Bourg en Bresse était à la fourrière… Quel week-end, quelle journée !

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