La dernière sortie en eaux vives est bien loin désormais… Sans être austère ni rigoureux, l’hiver, sans pêche, a été un peu une période d’hibernation et parfois dénuée de goût, comme un plat kabyle sans épices: le piquant du piment et la saveur tout en nuance du coriandre… La vie moderne a ses contraintes… D’un état léthargique, l’approche de l’ouverture a peu à peu laissé la place à une impatience ou encore conduit à faire des choses un peu folle: sortir un étau, des plumes, des poils en tous genres, du fil et s’esquinter les yeux sur des hameçons qui piquent les doigts… avec un seul objectif, celui de se retrouver au bord de l’eau, une canne à la main… au petit matin. La fraîcheur et l’humidité de l’air ambiant, la beauté des paysages de corrèze, les odeurs de la campagne et le chant de l’eau: tout cela était attendu… Ce fût chose faite le 18 mars sur la Vézère à Treignac. N’ayant pas l’occasion de pêcher régulièrement, je me suis donc levé à 6h pour être certain d’entamer mon trajet à 7 ‘ et d’être sur la rive à 8h… Je découvre ce parcours… J’y passerai la matinée sans avoir à le partager… pas âme qui vive… ni dans le haut du village, ni aux abords du cours d’eau. Je démarre la descente légèrement en amont du vieux et pousserais jusqu’à la sortie des gorges juste avant un lisse d’une trentaine de mètres. Je la ferais en nymphes lestées en m’appliquant à peigner les courants, les tourbillons, les retournes, les trous… mais sans succès… La malédiction du capot semble se profiler… Je ne prendrais rien, si ce n’est une mémorable « bauge » en voulant sauter d’un rocher à un autre… Je me retrouverais face dans l’eau, mouillé mais la canne en bonne état. L’ex-dordognard devenu citadin n’a plus l’habitude de crapahuter !!! Ce sera d’une démarche empruntée et vigilante que je poursuivrais le reste du parcours… La remontée sera tout aussi infructueuse… jusqu’à la première touche en amont du pont… légère tirette… je ferre instantanément en remontant la canne… pendue! Une jolie brunette aux yeux noires qui livrera un combat bref… Elle posera pour la photo sans chercher à fuir devinant à coup sûr que je la rendrais à son élément… Elle restera un moment dans le creux de ma main avant de se décider à regagner les eaux sombres… Deux de ses comparses suivront dans le même secteur, toujours en peignant les courants… Je plierai vers 13 heures… direction Tulle et ses no-kill’s… Gros débits et hautes eaux… hum! Je prendrais la route direction Coly… Bredouille! Le Coly doit sûrement se mériter… Trop tôt dans la saison pour moi… Chaque saison, réapprendre à pêcher… La Vézère est vraiment un cours d’eau à découvrir… un environnement magnifique et des truites à la robe étonnante!