Pauvre Credogne… Petite rivière de trois mètres de large pour quelques dizaines de kilomètres de long, au nord du département du Puy-de-Dôme, la Credogne descend des collines des « Bois Noirs » pour se jeter – à Puy-Guillaume, fief de Monsieur le sénateur-maire Charrasse…- dans la Dore, elle-même affluent de l’Allier…Il y a quelques années, elle a fait l’objet d’un contrat de rivière qui avait largement contribué à l’amélioration et à la restauration de son cours pour en faire un parcours particulièrement agréable et accessible. Si petite, elle est particulièrement sensible à la sécheresse qui sévit souvent les mois d’été ; mais elle est si pure – aucune agglomération sur son cours – que son mince filet d’eau n’a pas manqué d’attirer les convoitises des aménageurs de tout poil. Un barrage avait bien été construit au début du siècle dernier dans la haute vallée, mais il était si mauvais état que même les « autorités » avaient envisagé de le vidanger définitivement voire de le détruire… Hélas, il faut de plus en plus d’eau pour la ville de Thiers, arrosée par la Durolle et la Dore qui sont pourtant des rivières plus importantes ! Il a donc été décidé de réhabiliter ce barrage et d’en faire une retenue de 140 000 m3 pour une superficie de 2,2 hectares et un coût de 1,4 million d’euros…Mais heureusement, l’adjoint à l’environnement de la ville de Thiers rassure le pêcheur : « nous aurons une gestion plus souple de l’eau……le débit réservé doit être de 17,5 litres/sec. en période d’étiage… » et les administrés : «… face au choix politique d’alimenter la ville en eau potable, à la volonté de parer aux éventuelles sécheresses, et face à la conviction de l’équipe municipale qu’il n’y a aucun risque d’assèchement, la ville de Thiers ne fera pas marche arrière ». (La Montagne – juin 2005) Monsieur le sénateur-maire Charrasse, qui réside dans la vallée de la Credogne et se disait en d’autres temps « pêcheur… », participait à cette inauguration ; notre ex-grand argentier, doit pourtant savoir encore calculer : deux mètres de large environ, une vitesse de courant estimée à 0,5 mètre par seconde (1,8 km/heure) pour un débit de 17,5 litres/sec…cela nous donne une lame d’eau de …17,5 mm d’épaisseur moyenne !!! Et bien, même si les truites de la Credogne ne sont vraiment pas des monstres, elles devront au plus tôt apprendre à patauger sur leurs pectorales… Et comme si cela ne suffisait pas, en juin dernier, j’ai découvert sur ses berges un bidonville sauvage hébergeant une dizaine de personnes utilisant librement la rivière comme un égoût-baignoire-bac à vaisselle etc… Depuis plus de 40 ans que je viens pêcher dans cette région, je connaissais d’autres ruisseaux aux eaux claires, dans lesquels je venais prendre et relâcher quelques frétillantes petites truites brunes au ventre jaune…La Sep avant son barrage pour irriguer les maïs, la Dolore avant la vidange « accidentelle » de barrage en juin dernier, la Morge…et encore quelques autres dont il vaut peut-être mieux taire le nom, de crainte qu’il ne parvienne aux oreilles de certaines « autoritées »…