9h00, la brume matinale commence à lentement se dissiper. C’est l’époque des grandes migrations hivernales. D’innombrables canards, milouin, morillon, pilet, garot, sont regroupés au milieu du fleuve. Les harles bièvres et huppés sont déjà en chasse, et les cormorans présents sur les quelques perchoirs sèchent leurs ailes à la lueur des premiers rayons du soleil. Preuve qu’ils ont déjà accompli leur triste besogne. Le givre enrobant les branches des peupliers fait reluire la forêt de tous ses éclats… Magique ! Si nous sommes au bord du Vieux Rhin ce matin avec Aspimallus, c’est pour traquer les brochets qui hantent ce secteur du tronçon court-circuité. Après quelques kilomètres de chemin carrossable, nous nous arrêtons à hauteur d’une rampe militaire afin de pouvoir descendre plus facilement les pontoon-boat. Sans eux, pas de pêche possible sur ce linéaire… A certains endroits, le tirant d’eau trop faible ne permet pas de navigation en barque. D’ailleurs, les rampes sont depuis longtemps interdites d’accès, les pontoon représentes donc l’arme ultime ! Le froid (-6°C) est sec, mais le soleil rend la séance des plus agréables. L’eau est à 6°C. Le départ est donné, pour 5 heures de pur bonheur. Les premiers gestes sont difficiles, il faut reprendre ses marques sur l’embarcation. Les premiers postes se montrent vite inintéressants, pas assez d’eau. On continue lentement notre dévalaison, en observant le moindre signe d’activité pouvant trahir la présence d’un poisson. C’est seulement au bout d’1h30 que le premier poste est atteint. 4m d’une eau limpide derrière un épis, arbres morts et enrochements effondrés à volonté. Un signe… Aspimallus est le premier arrivé sur site. Il attaque le pool depuis l’amont en direction de la berge effondrée. Son geste est fluide, son posé harmonieux. La grande Lucky purple commence sa descente à une vingtaine de mètres de l’embarcation. Une fois le montage à proximité du fond , il entame un lente animation, premier strip et… premier rush ! Le poisson a pris le stream en début de récupération, et compte tenu de la rudesse du combat, ce n’est pas un vairon… Au bout de quelques secondes, le poisson vient fendre la surface, ouïes écartées et gueule grande ouverte… La première réaction du pêcheur sera de hurler, puis d’estimer la bête qui sonde à nouveau. 80, 90, peut être 1m ???? Le combat va durer plus de dix longues minutes, 3 chandelles successives, mais l’expérience aidant Aspimallus ne le laissera pas rejoindre sa cache. La pince Berkley est utilisée à bon escient et le poisson sorti de son élément avec vigeur. Cette femelle est magnifique, le plus beau brochet du Vieux Rhin qu’il m’a été donné d’observer. On place le poisson dans un sac de conservation pour pouvoir le ramener sur la berge ferme et procéder à la traditionnelle séance photo. Que dire de plus en voyant le sourire non dissimulé de ce pêcheur, heureux… Alors l’ami, à charge de revanche !