Voilà, après avoir vu les grands moments de pêche que vivaient de nombreux membres de la communauté gobages, je me suis motivé pour aller pêcher en nymphe et laisser pour quelques heures les blacks bass en paix et mes streamers sécher. Je suis donc parti ce matin sur un petit lac gersois avec ma 8’6 soie 5 pour essayer de prendre quelques carpes, discipline passionnante que j’avais laissée en suspend durant ces deux derniers mois. Et non je ne suis pas allé à la truite dans les pyrénées… En fait j’y suis allé la semaine dernière pour une pêche électrique suivie d’une pêche au fouet dans les baronnies et c’était complètement la misère. Une truite de 30cm sur 75m linéaires de rivière et 5 truitelles de 10/12cm… Au fouet nous avons dérangé quatre truites à trois pêcheurs sur 7 heures de pêche… Donc je suis allé à la carpe ce matin et malgré la chaleur, les conditions étaient excellentes. Un petit vent avait rassemblé des larves de moustiques, des fourmis dépouillées dans une anse et les carpes se nourrissaient activement sur toutes les bordures. Les libellules pondaient et des larves d’odonates grouillaient sur les fonds vaseux des berges en pentes douces. J’ai attaqué douze poissons dans la matinée et en ai ferré 6. Le gros problème c’est que j’ai commencé par quatre décrochages particulièrement usant nerveusement. Après, le stress aidant je me suis accroché deux fois en présentant mes nymphes sous le museau des carpes visées… Impact immédiat, grands coups de queue et vols de bulles mêlées de feuilles mortes soulevées du fond… Je commençais à désespérer quelques peu devant le peu de réussite obtenu malgré une concentration et une application digne d’un Ced65 sur un black de 55cm au popper… Finalement, la chance m’a souri l’espace d’un instant, une superbe miroir est venue se tourner le flanc sous mes pieds. Elle devait nympher sous les berges et je ne l’ai vue que lorsqu’elle se trouvait sous ma canne. Elle avait l’air parfaitement paisible et se saisissait de petites choses de rien du tout sur les racines des aulnes. Mon gammare posé devant son nez d’un petit roulé et une animation lente lui ont inspiré confiance et la prise a été immédiate et immédiatement suivie d’une casse retentissante… Là le désespoir était installé. Elle a démarré telle une furie et je ne m’explique pas pourquoi le 16/100 a cassé aussi brutalement. Sans doute une éraflure sur les accrochages précédents. Un beau combat de raté et une pauvre carpe décorée d’un tiemco à la gueule. Je n’y croyais plus et j’avais le moral dans les waders quand en me retournant pour me mettre sur le chemin du retour, mon cœur s’est littéralement éjecté hors de ma poitrine, une énorme commune était posée sur une racine d’arbre immergée. Une vraiment belle carpe dont je voyais même les petits yeux et les barbillons dans le rayon de soleil qui lui illuminait la tête entre les ombres du feuillage. J’ai fait deux pas vers elle à la vitesse végétale qui est de rigueur pour l’approche des carpes (oui, il faut avancer moins vite que les arbres pour ne pas leur faire peur…). D’un roulé je lui ai posé la nymphe sous le museau (pas mon gammare précédent à cause de cette casse à la c.. mais une imitation de larve de libellule dont l’abdomen est en élastique torsadé). Elle a agité ses grandes pectorales et s’est saisi sans autre forme de procès de la nymphe. J’étais heureux en la ferrant et en voyant la soie filer dans les anneaux. Heureux mais alors presque euphorique tellement c’était impressionnant ce départ. Heureux mais pas pour très longtemps, il y a des jours comme ça. J’étais très éloigné des arbres immergés mais pas assez. Elle était vraiment très puissante, c’était sans aucun doute un poisson de plus de 10Kg, ça aurait été mon record mais non… Je n’ai pas réussi à l’arrêter, elle était déjà trop loin et le backing sortait et montrait tout droit les grands troncs immergés. J’adore ma canne pour soie 5, c’est une nouille extraordinaire pour les pêches fines. C’est ma canne de prédilection pour les pêches en sèches et les pêches en nymphe en lac mais là je l’ai maudite cette pauvre canne. Ronde et tendue à rompre elle ne semblait pas même ralentir le moins du monde la course de cette belle. Ce qui devait arriver arriva et j’ai le tout qui s’est détendu et ma soie est remontée en surface doucement pour me désespérer définitivement. Sur le chemin du retour, j’ai mis un énorme sedge sur hameçon 4 tige longue et j’ai pêché 5 blacks de 25 à 35cm, je sais, j’ai été faible mais on se console comme on peut. Je suis pas consolé du tout, j’y retourne demain matin.
