Je me souviens que lors de ma première arrivée de jour en train à Lyon, j’avais été très frappé par le spectacle de l’entrelacs de bras du Rhône juste en amont de la ville. Je découvrais depuis le TGV un fleuve aux magnifiques tons bleu roulant sur des galets, des eaux vives avant son endiguement entre les quais. Deux minutes après nous étions à Part Dieu, centre névralgique d’une aire urbaine de près de deux millions d’habitants. En y résidant, j’ai compris que le spectacle était éphémère, tributaire du fonctionnement de la chaine de barrages en amont qui rend la pêche sur ce fleuve particulièrement dangereuse. Samedi dernier je me rends à même pas 30 km en amont du centre de Lyon, sur un des bras du fleuve. Je découvre là une rivière splendide, des eaux bleu clair et transparentes, et bizarrement, pas une saloperie sur les berges et sur les fonds. Canne 10 pieds soie de 6, j’étais venu pour le moustachu. Et là splendide spectacle : sur un fond propre je distingue des bancs de barbeaux et surtout d’immenses rassemblements de hotus, et quelques patrouilles de très gros chevesnes. Les chevesnes sont effroyablement méfiants, les barbeaux voient passer mes nymphes pas assez lestées bien haut au dessus de leurs têtes, et les hotus, ben… ils avaient l’air de bien s’en taper de mes mouches !! Je progresses en longeant dans l’eau la berge, attiré par quelques gobages bruyants. Un ami m’appelle, je continue à marcher portable à l’oreille… Et là, je m’arrête de parler et j’ais sur le coup les jambes en coton, une énorme forme noire vient de fuir de sous un gros bloc… En réalité, j’avais dérangé un « petit » silure d’un bon mètre, et dans une eau aussi transparente le spectacle fait vraiment un drôle d’effet, d’autant que je ne m’attendais vraiment pas à le voir dans si peu d’eau (un petit mètre de fond tout au plus). Bref ce Rhône là m’a fait grand plaisir, j’ai trouvé un lieu de pêche de proximité où je penses passer du temps à l’avenir. Il semble que le plus grand no kill du monde fasse ses effets… Par ailleurs, j’ai toute l’année oscillé entre optimisme et coup de mou, et j’avoue que trouver un site proposant cette qualité de pêche (en terme de parcours, le peuplement restant constitué de gros cyprins) aussi près de la ville, ça m’a ragaillardi. Très sincèrement, une truite n’aurait pas fait tâche dans ce décor. Je compte extraire d’un petit film des images prises sous l’eau, pour rendre compte de la couleur de l’eau et de la qualité du fond. Pêcheurs sportifs lyonnais, investissons ce théatre, pour que le jour où il sera à nouveau possible de manger du poisson nous ayons mis en valeur le formidable potentiel de pêche de proximité que représente le Rhône. PS : désolé si je me suis emballé, mais 25 ans de vie parisienne et voir ça, là, tout près, ça me fait quelque chose
