Prise de bec

18 juillet 2006

19 - Corrèze

Lac de la Triouzoune

christophe douziech

L’horizon est d’ardoise en cette fin d’après-midi lorsque j’arrive au bord de l’eau, plutôt très chaude cette eau à travers mon respirant de pêche. Le temps de monter le matériel et le vent se lève fort, annonçant ce qui arrive ; pluie et grêle mêlées. Je prends mes jambes à mon cou et cours me réfugier dans ma voiture, mouillé mais plein d’espoir pour la suite des évènements. Le déluge dure peu mais je ressors bientôt sous une pluie fine. Un premier poser et quelques tirées plus tard c’est un petit brochet qui a engouffré la grande mouche en plumes de selle blanches et jaunes. Le fer a transpercé une joue et l’absence d’ardillon abrège les manipulations… Le troisième lancer se fait un peu plus loin au sortir d’une anse. Tirées lentes, pauses et je crois m’être mis dans un bois noyé, vestige des arbres qui délimitaient les près avant la mise en eau de la retenue. Mais les bois se déplacent lentement sur ma droite inexorablement et je referre plus fort déclenchant un premier démarrage court mais délicieusement pesant; je jubile; un client sérieux enfin! Sûr de ma victoire, je le tiens au raide et un remous impressionnant me laisse deviner la taille du vorace. je décide de rembobiner toute la soie qui surnage sous moi afin de le travailler sur le frein du moulinet. Erreur fatale: une accélération plus vive et plus puissante ne provoque aucune sortie de ligne et je constate que tout est bloqué; la soie ayant foisonné. Dorénavant je fais moins le fier et je tire fébrilement de la main gauche sur la soie. Les boucles de cette dernière forment un nid d’oiseau jaune vif et je me déplace pour suivre l’animal en espérant que les quelques mètres dont je dispose feront le travail. Mais le vent a tourné et à la fuite irrésistible, plus puissante que les autres, je ne peux opposer que la force et c’est…fini. Hurlements et jurons résonnent en moi. il ne me reste qu’un bout de crinelle éfrangée, le nylon, plus haut a tenu. Le noeud a lâché et par ici, une occasion comme celle-ci est plutôt rare… Remonter une autre mouche et ne plus penser à celle qui est fichée dans le poisson. En espérant qu’elle ne soit pas dans l’oesophage de la bête. Dans la demie-heure qui suit, tous les brochets du coin sont de sortie et l’un d’eux attaque au poser de l’aile blanche en bucktail. Toujours à quelques mètres de la berge dans peu d’eau. J’en pêche deux petits et je reperds par décrochage un plus joli spécimen. Nouvelles bordée d’injures silencieuses à mon égard!! La séquence principale repasse en boucle; une autre fois ?

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