Que la fête commence.

30 avril 2010

46 - Lot

Dordogne

fly.only

Vendredi : le changement de temps avec ce ciel couvert m’offre une occasion inespérée d’aller voir une dernière fois en toute tranquillité les poissons de la partie la plus aval du secteur que je fréquente. Demain, avec l’ouverture du lancer, la rivière sera envahie et va payer un lourd tribu. Immuablement comme tous les ans depuis des millénaires, l’arrivée des sulphures marque le début de la saison de la mouche. Fini les soies plongeantes et les mouches lourdes. Place aux mouches noyées légères et aux soies flottantes. L’éclosion de sedges et de points jaunes est diffuse mais cela suffit à maintenir les poissons en activité. Malheureusement, les postes accessibles sont pollués par des farios molles qui se tortillent sur elles mêmes. Ces poissons/viande obèses aux nageoires lépreuses et au nez rogné (cf photo) sont l’incarnation parfaite d’une gestion passéiste. Ici, l’eau n’est qu’un support, la pisciculture la solution à tous les maux et l’argent des pêcheur,s le bon plan pour faire deux ou trois jours de fête dans l’année. Samedi : dès mon réveil, j’ai su que ma journée serait pourrie. Le boudin de mon bateau dont j’ai changé la chambre hier soir est flasque. Je sais que je vais passer ma journée à le surveiller et à m’user les bras sur la pompe pour le regonfler. En chemin, la pluie nous rejoint et une fois au bord de l’eau, des dizaines de pêcheurs font la course pour remplir leurs jolis paniers en osier. Qu’importe, la dream team est au complet et en grande forme. Les moustiques aussi ! Ils nous dévorent alors que nous mettons les embarcations à l’eau. Premier poste, premier changement de mouche. Je reviens au bateau pour chercher un nouveau stream et en retournant pêcher, je m’entrave dans le parpaing qui me sert d’ancre et m’étale de tout mon long dans l’eau fraîche de la Dordogne. Il est 10 h et quart et je suis trempe comme une soupe. Tout va bien. Journée de m…e vous avez dit ? La matinée se passe sans la moindre touche malgré des coins de rêve prospectés minutieusement. A l’heure du casse croûte, le bilan est mitigé : Jef a eu quelques tirées, Matt a fait un beau poisson, Stef@ et Fred n’ont rien vu. La tarte de Nath ayant revigoré les troupes, nous repartons pour la deuxième partie du parcours. Et là, je pense que nous avons dû franchir la frontière du parcours empoissonné car la densité de pêcheurs est proprement hallucinante. Il y en a partout, sur les bords sortis de nulle part, en barque, en canoë, en bass boat… Pas grave, les streamers sont en mesure de rivaliser avec les cuillères, vairons, poissons nageurs de toute sorte et autres vifs. Enfin presque. Je pêche avec acharnement mais rien ne se produit. Tout le monde prend du poisson sauf moi. Je passe même en noyée en désespoir de cause car il y a des mouches et quelques ronds. Mais rien n’y fait. Vers 17 h, trempé, l’avant bras douloureux, après 6 h sans touche, je n’ai plus le courage de lancer. Je me laisse dériver passivement. Mais que ces postes de bordure sont beaux. Je reprends la canne. Lance, relance toujours plus près du bord : rien. Si, j’ai cru voir un poisson tourner sous ma mouche à deux reprises. Voilà maintenant 5 ans que je cherche une imitation de chabot efficace sans succès. Je pêche avec un proto en lapin. Mais il ne déclenche pas l’attaque. Je permute avec un autre qui nage sur le dos : nul ! Ma main se porte alors sur une mouche quelconque montée il y a bien trois ans. Premier poste, première tirée. Tiens, un poisson l’a chargée. Deuxième poste et c’est l’explosion. Dérivant à grande vitesse, je n’ai aucun mal à sortir le poisson du tas de branches dans lequel il voulait revenir. Mais avec deux mains, tenir la soie, la canne et les deux rames, c’est difficile. Je rentre le maximum de soie, cale ma canne entre mes genoux et entreprend de regagner le bord. La truite tantôt saute ou sonde sous le bateau. Je prends conscience qu’une épuisette m’est indispensable dans cette situation. Au bord, même galère. S’occuper du bateau et de la truite fait un peu trop. Du coup, je laisse la truite dans l’eau et elle ne manque pas de trouver une racine pour s’y réfugier. Le temps de sortir l’appareil photo et le poisson qui se tortille pour se libérer casse le fil. J’espère qu’il pourra se défaire sans difficultés de mon proto qui désormais n’en est plus un. La journée bien mal engagée me semble d’un seul coup plus douce. Il est si rare de valider un proto. Les derniers kilomètres comme l’ultime casse-croûte (tes boudins sont vraiment exquis Jef) seront avalés avec avidité me donnant l’occasion de toucher deux autres poissons avec un modèle approchant. Il est 22 heures, nous sommes cuits mais nous avons encore passé une super journée. Après avoir chargé les voitures, malgré la fatigue, nous discutons comme des morts de faim de notre prochaine descente. Cette rivière est si envoûtante… et la saison ne fait que commencer.

Ailleurs dans le site

Actualité 23 avril 2024

Fiche Montage : Sedge CDC

Actualité 16 avril 2024

Fiche Montage : Victorienne 2 le corps

Forum