Quelques jours à l’Est

13 juin 2016

Slovénie

Idrijca

pecheurdenature

Trouver le stationnement propice, l’accès adéquat et enfin, ouvrir les yeux sur un émeraude, voilà ce qui caractérise pour moi, la Slovénie. Le dépaysement est certain, plongé au cœur de ces vallées montagneuses boisées de forêts mixtes enchanteresses et escarpées. Chaque virage vous offre une vision sur un pays de cocagne où la nature reste reine, sans agressions outrancières de céréales, d’imperméabilisation des sols ou autres barrages.
Bien sur, tout n’est pas parfait, l’homme est là mais il faut avoir l’honnêteté de reconnaître qu’il y a une liaison assez cohérente entre utilisation et préservation de la ressource. Ce pourrait être mieux, ce pourrait être pire, chacun aura sa vision mais avec l’expérience professionnelle, j’avoue évoluer.
Les orages ont semé leurs troubles et ce qui devait arriver, arriva. Les niveaux sont montés, teintant légèrement le joyau mais la pression atmosphérique a baissé… la berge est si proche, si loin. Les feuilles humides imprègnent le gilet et perfides, saisissent la moindre opportunité pour intercepter le nylon. Il faut batailler, pénétrer avec patience et enfin, aborder les premiers galets. Les couleurs sont magnifiques, alternances profondes de blanc, de sable, de turquoise et d’émeraude.
Face à nous, les belles veines courent, dans une vision capricieuse de portes qui se ferment. Pourtant, il ne faut pas longtemps pour percevoir ce pourquoi, l’appel est si fort. Là, sous cette ramification sécuritaire, une présence. Par instant, une fille de l’Est se dévoile à mesure que disparaissent certaines ailes. Je dis bien « certaines » car vous le lirez, la slovène est délicate.
Une tentative, puis une deuxième, suivie de nombreuses autres mais il faudra s’y résoudre, inaccessible ainsi. Les cailloux roulent, la soie s’emporte, l’imitation cherche à séduire, drague donc (mais vous l’avez compris, comme un mec bourré en boite…). L’insistance est pesante et, caractériel, il me faut changer de stratégie. Je descends, essaie un passage, évite le bain, retente un autre axe, je glisse, porté en travers, sur la pointe des feutres, enfin, je stabilise, reprends appui et fini la traversée. Ouf, c’était chaud mais que ne ferait-on pas pour celle de nos désirs ?
Les 80m sont remontés à pas de loups, cherchant le moindre indice entre ces rochers, tous plus porteurs les uns que les autres. Sur toute la longueur, chaotique à souhait, aucun mouvement, aucune aspiration ne trahit ; peut-être plus tard…
Le spot est maintenant à porté de regard. Vous vous en doutez, à la lecture des mots précédents, il ne faut pas longtemps pour qu’une offrande se présente provoquant l’aspiration caractéristique. Le revers est obligatoire mais avant, il nous faut trouve la position. Dans cette éboulis de pavasses affutées, la stabilité reste précaire. Ne pas trop s’avancer, observer le comportement, lire la dérive, éviter le contre-courant de surface, le caméscope en devient l’opérateur averti.
Le moment arrive, le souffle devient régulier, apaisé presque. Le choix a été fait, il ne suffit qu’un jet pour que l’imaginaire s’efface au profit du réel, là, dans l’antre de l’épuisette ; si seulement…
La ligne se libère, dépose la feinte dans la nourrice et… rien ! cruelle vérité que l’arrogance face à l’assurance. Les petites grises défilent candides, aguichantes parfois. L’attente est interminable, quand enfin, une nouvelle chance. Il me faudra pas moins de 6 ajustements (imitations, diamètres, posés) pour que le leurre offre d’intenses souvenirs. En effet, et vous le savez tant, la séduction n’est qu’une première étape auprès de celle qui compte.
Mon trône était son territoire, un sondage brutal sous mes pieds a failli finir là, notre idylle. Maintenue, la belle n’en demeure pas pour autant prisonnière, contrariée, collée au fond, elle décide d’une séparation violente en filant vers l’aval. Le moulinet, lâche, me force au relais et c’est entre des positions plus que scabreuses que je la suis, tant bien que mal (plutôt mal à dire vrai). La tension reste mienne, les branches frottent, le pied droit abandonne, reviens, et me voilà, à demi intégré à cet arbre immergé, reliquat d’une crue déracinière. Je plonge la canne, la récupère, bras et torse trempé ! Le filet emprisonne cette cavaleuse fuyante.
La contemplation est de mise avant la liberté. Les séparations sont cruelles mais je vous avoue que celles inhérentes à notre loisir, me ramènent à chaque fois vers cette sensation de sérénité, d’apaisement, d’envie de vivre, passionnément.
Un grand merci à Robert pour ce cadeau et ces moments gravés, un vrai plaisir de partage et de valeurs simples mais tellement authentiques.

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