Rando dans la Valserine

8 juillet 2011

01 - Ain

Valserine

FMR

La Valserine Histoire d’étrenner ce nouveau sac à dos dont je vous ai déjà chanté les louanges, je décide de laisser de côté l’ode normande en 7 pieds soie de 4 afin de faire chanter ma 9 pieds. Mais encore fatigué de mon concert de hard rock dans l’Allier, je décide d’opter pour quelques chose d’intermédiaire: du Brassens. Direction la Valserine, la rivière qui se dévoile est absolument parfaite, plus claire que de l’eau de roche, large sans paraître démesurée,en un mot mon idéal est à porté de canne. Je ne remonte guère la rivière car je dois récupérer la carte de pêche le lendemain. (carte réservé par téléphone pour pouvoir faire virevolter la soie dès ce soir) Je repère quelques poissons de taille modeste, que je tente de faire histoire de répéter mes gammes. Deux des trois gobages seront réussis dont un d’une façon un peu burlesque que je m’en vais vous compter. Une belle de 25 visiblement peu enthousiaste de l’arrivé ce fil d’Ariane entre elle et moi, livre un combat d’une force étonnante pour sa taille et parvient même à se caler sous un rocher. Je commence à tirer et zou la chaussette glisse. Ne sentant plus de traction, ma belle ressort, j’ai juste le temps de plonger le scion dans l’eau et de faire faire un tour à la chaussette avant que le poisson ne reparte et ainsi d’achever positivement sa capture. Cette première répétition a trop pris du côté goguenard de Brassens, il s’agit d’être un peu plus sérieux demain. La carte enfin en ma possession, je remonte la rivière sur environ 3km jusqu’à trouver un spot intéressant. Les poissons sont là, ils attendent ma représentation, mais tous semblent s’en désintéresser, les cuivres les effraient quand ils ne les laissent pas indifférents, les cordes ne sont pas harmonieuses et pire encore, la longue baguette du chef d’orchestre manque régulièrement le tempo et c’est tout naturellement que mes spectateurs halieutiques délaissent cette bien piètre mise en scène. Je passe des dizaines de mouches en revue sans comprendre ce que mes belles mangent. Je croise alors un autre pêcheur qui en accuse 5 au compteur. Je suis achevé! Je délaisse ce spot et remarche sur plus de 4km. Là, un véritable havre s’offre à moi, je tente de reprendre la main mais la confiance est en berne, les mouches ne prennent pas, ma baguette est complètement désordonnée, les posées anarchiques, bref le concert semble être un fiasco à venir. Je décide alors de tout remettre en question. Les cordes : Vous ne travailliez pas ensemble  allez hop changement de bas de ligne. N’en ayant plus, j’en refais un dégressif d’un peu moins de 5 mètres pour faciliter le travail du chef d’orchestre. Les cuivres allez zou on passe à du plus fin, fini les cymbales, voici venir le triangle. Et enfin, le chef d’orchestre est vivement encouragé à arrêter de bouger fébrilement sa baguette. Après quelques lancers chancelants, un semblant d’harmonie est retrouvé et c’est une première truite de 25 qui succombe. Elle a la taille des géantes tant m’a semblé dure sa capture. C’est parti, je me concentre avant la nuit sur un gobage plus conséquent, tout est au diapason, le bas de ligne ,la baguette, la confiance est retrouvée et tout semble dérouler comme sur du papier à musique et c’est tout naturellement que ma zébrée monte. Cette dernière abandonnera la partie après un jolie combat et accusera une trentaine de centimètres. La nuit se passe tout en douceur sous la tente quand, au petit matin: BOUUMMM. Je sors sous des trombes d’eau, les éclairs zèbrent le ciel immédiatement suivi du tonnerre. Pas question de rester là, il faut plier bagage et rejoindre le sentier. La remontée est dure, la pente est maintenant extrêmement glissante avec l’eau qui crée un torrent miniature. Je suis obligé de grimper à quatre pattes les mains dans la boue pour franchir les obstacles. Quand je rejoins le sentier, le plus dur est fait, je croise même un « Vététiste » dans un état aussi minable que moi. Je lui crie : « Faut être complètement malade pour faire du VTT par un temps pareil!» Ce dernier me répond : « Faut être totalement fou pour randonner par un temps pareil! » Après une poignée de main nous piquons un fou rire et repartons chacun de notre côté. La pluie se calme, en arrivant sur Bellegarde, je croise même 3 pêcheurs qui tentent leur chance en nymphe au fil dans une eau complètement trouble. Moi je préfère ne pas corrompre ma vision d’une rivière limpide et décide de rentrer auprès de ma copine qui arrive ce soir d’Allemagne. Il est alors temps de rendre hommage à Hannes Lindemann (médecin allemand aventurier qui traversa l’Atlantique en radeau/canoë avec 72 litres de bières!). J’embarque donc souvent une bière locale pour éviter qu’en cas de décès Lindemann ne rie de moi et me jette hors du Valhalla . Bref, même si ce séjour aura été amputé d’un jour de pêche, il s’inscrit comme un des meilleurs grâce à des moments forts sous l’orage, la rencontre avec ce cycliste, la bière sous la pluie et ces deux truites offertes par la rivière comme pour inciter le gamin toujours en moi à ne pas abandonner malgré sa gaucherie.

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