Aujourd’hui j’avais rendez-vous avec une copine. La première fois que l’on s’était vu il y a un peu plus d’un mois, elle m’avait joué un tour de cochon. Elle m’avait filé entre les jambes et le lien si ténu entre nous s’était rompu. C’est donc par cette belle journée d’automne que suis retourné à l’endroit où je l’avais rencontrée. La rivière était basse et charriait beaucoup de feuilles. Un gobage réveilla ma Winston. Il se reproduisit sur mon cul de canard mais ce n’était pas celle que je convoitait mais un ombre, certes pas vilain mais ce n’était pas pour lui que j’étais venu. Malgré plusieurs nouveaux posés rien ne voulait plus s’intéresser à ma touffe de plumes. Je changea le léger par du lourd: un train de deux nymphes surplombées par un poil de chevreuil. Au deuxième posé le chevreuil pris l’eau et la bataille commença mais là j’avais prévu le coup et avais troqué le 12% pour un gros 14%. Après quelques minutes, l’épuisette avait fait son boulot, c’était bien une arc-en-ciel, racée comme un obus. Ces poissons qui ont vécu plusieurs mois en rivière sont vraiment des bolides. J’étais cependant un peu déçu par sa taille car le jour où elle était passée entre mes jambes je l’avais vu plus grosse. Jolie prise quand même, l’après-midi démarrait plutôt très bien. Une fois la belle libérée, je renvoyais le train de mouches vers le même courant et rebelote, une touche de nouveau bien franche. Cela se défendait avec la même nervosité mais c’était encore plus gros, je savais que je la retrouvait enfin. Il a fallut que je m’y prenne à plusieurs fois pour lui amener la tête dans le filet. Même en Slovénie les arcs ne sont pas si belles. Elle dépassait de plusieurs centimètres le demi-mètre, c’était bien celle qui m’avait faussé compagnie le mois dernier. Après je me suis remis en sèche et me suis énervé sur les ombres qui gobaient aussi vite que Lucky Luc. J’en ai raté beaucoup mais ce n’était pas grave je n’avais pas raté mon rendez-vous.
