Retrouvailles…

28 mars 2008

29 - Finistère

Elorn

math

En ce début d’après-midi, je n’avais toujours pas pris ma décision. La météo était pour le moins défavorable mais la perspective d’une semaine intense et stressante à l’école me poussait à accepter la proposition de mon père et de retrouver ma rivière pour m’aérer l’esprit. Sur la route qui nous menait à la rivière, je ne parlais pas, comme pour savourer au mieux ces quelques heures qui s’offraient à moi. Je ressassais mes ultimes sorties de l’année dernière et mon hiver passé derrière l’étau tout en contemplant les saumoniers qui s’amoncelaient sur chaque méandre. Mais plutôt que ces derniers, c’était davantage ma rivière qui m’intéressait. Et si je parle d’elle comme si elle m’appartenait, c’est parce qu’elle sait me combler de bonheur et qu’il me suffit de l’apercevoir pour avoir envie de la préserver de toute agression et Dieu sait si elle en subit de toutes sortes. Arrivé sur l’un de mes secteurs préférés, je m’attache à prospecter chaque courant, chaque bordure successivement au streamer puis en noyée malgré les averses qui se succèdent et le fort vent du Nord qui me glace les mains. Cela faisait tellement longtemps que j’attendais ce moment que ce n’étaient pas les rafales à 70 km/h ou les averses de grêle qui me bombardaient de toutes parts, qui allaient me faire renoncer. Au détour d’un méandre, je redécouvrais un courant prometteur ou bien une fosse intéressante toujours avec le même enthousiasme. Chaque dérive était pour moi teintée d’espoir surtout lorsque je ressentais un « toc » qui me rappelait que je devais rester concentré. Une seule chose ternissait mon errance au bord de l’eau, l’absence d’activité significative de la part des belles bretonnes… En laissant dériver mes noyées dans un énième courant, je piquai une jolie truite à la robe magnifique, dont la vaillance fut récompensée puisqu’elle se décrocha après de multiples cabrioles aquatiques. L’heure du retour sonna, et je dus me résoudre à regagner la voiture où mon père m’attendait. J’aimerais d’ailleurs lui témoigner toute ma reconnaissance à travers ces lignes, lui qui ne pêche pas en eau douce et qui m’accompagne à chaque fois et n’hésite pas à faire des dizaines de kilomètres pour me faire plaisir même lorsque je n’ose pas lui demander. J’apprécie toujours sa présence et j’aime partager mes joies au bord de l’eau avec lui. Ces bons moments humides passés au bord de l’Elorn ne m’ont permis de saluer mes compagnons de jeu que de loin mais je ne manquerai pas de leur rendre visite très prochainement. Cette fois ils seront sans doute au rendez-vous. Et plus je pêche, plus je sens de manière certaine qu’un des attraits particulièrement fascinants de la pêche à la mouche réside dans les choses merveilleuses qu’un pêcheur ne peut entrevoir que s’il prend la peine d’ouvrir les yeux sur tout ce qui l’entoure. Je pêche car dans un monde où la plupart des hommes semblent passer leur vie à faire des choses qu’ils n’apprécient pas, la pêche me procure des joies dont je ne saurais me passer. Je pourrais parler des heures durant de la faune souvent surprenante, faite d’émerveillement et de spontanéité. Et puis le fait de pouvoir respirer un air plus pur que celui de la ville et de s’aérer l’esprit en oubliant les soucis du quotidien procure des bienfaits inestimables. La plupart des pêcheurs, c’est humain, préfèrent narrer leurs sorties pleines de réussite et d’exploits que leurs échecs. Même si je n’ai pas connu une ouverture très riche en prises, il me tardait de partager ces quelques instants magiques et forts en émotions. J’étais souvent résigné de constater la taille des truites que ce soit en Bretagne ou bien avant dans le Morvan. En lisant les récits de pêcheurs Juraciens dans les magazines ou les news postées sur Gobages, je rêvais à ces poissons trophées qui me faisaient presque regretter de ne connaître que des rivières où la croissance des truites est limitée. Depuis, ma pensée a évolué et j’ai pris conscience du bonheur que m’apportaient tous les poissons quelle que soit leur taille et leur origine. Cependant, Dordogne, Gaves, Loue, etc…, sont autant de rivières qui me font rêver et que je compte bien découvrir quand l’occasion se présentera. Je m’excuserais presque de ne pas raconter à travers ces quelques lignes la prise mémorable d’un superbe poisson et sa remise à l’eau après un combat épique. Ce n’est pas un récit où le palpitant s’emballe, mais cet après-midi peu propice marquait plutôt mes retrouvailles avec la nature et de ce point de vue c’est toujours une réussite. N’est-ce pas là l’essentiel ? Relâchez vos rêves…;)

Ailleurs dans le site

Actualité 23 avril 2024

Fiche Montage : Sedge CDC

Actualité 16 avril 2024

Fiche Montage : Victorienne 2 le corps

Forum