Sans transition les Nives semblent être passées du printemps à l’été. Les niveaux ont considérablement baissé et l’eau s’est beaucoup éclairci. La ou des éclosions massives de sedges avaient lieu à la mi journée il y a seulement 5 jours on n’assiste plus du tout au même spectacle. Même le Laurhibar est presque limpide, lui qui avait été bien blanc depuis le début de la saison. Je suis passé sur le Saison ce matin et il est joli. L’eau est encore assez forte mais l’eau est claire. Les autres gaves sont pas top (fonte), surtout l’Aspe … il parait qu’EDF serait en train de vidanger un barrage !? Retour aux Nives … Du point de vue de la pêche, disons le tout de suite, c’est nettement moins bien. Moins de mouche en journée et, paradoxalement, également moins de mouches en soirée. En plus, l’été apporte des rafts, troupeaux multicolores que la grande Nive vomit à longueur de journée. Autant oublier tout de suite les pêches fines des bordures en journée. Quand on connait la susceptibilité des belles mouchetées des Nives, on les imagine mal continuer à gober sous le feu roulant des touristes pagayeurs. Ce ne sont pas des ombres, et on n’est pas sur la Dordogne! De toute façon, même sans les canoés, le beau temps et les niveaux ont eu un effet pervers, celui de faire sortir un grand nombre de pêcheurs du dimanche (c’est le cas de le dire !!). On croise un monde fou, aussi bien sur les parties APRN que sur la grande Nive. Du club mouche en goguette aux pêcheurs au poser dans les trous, ca pêchouille un peu partout. Si on ajoute à ça le manque d’insectes vous aurez compris que je n’ai pas particulièrement gouté ce week end de pêche. D’ailleurs je ne suis même pas resté ce lundi (ceux qui me connaissent seront surpris!!). Les coups du soir son en effet un peu décevant, en tout cas sur les secteurs ou j’étais. Moins d’insectes et d’activité que la semaine dernière. Il n’y a pas encore de sorties massives de sedges en soirée. Malgré tout, comme toujours, des moments magiques. Des truites prises en nymphe à vue, sous marins repérés sur de grands lisses, poissons absolument impossibles en sèches (ignorant TOUT sauf de petites émergentes en poils de teckel … qu’elles refusaient évidemment) mais craquant parfois sur de toutes petites nymphes. Des truites prises en nymphe à vue « à la Pascal », c’est à dire à l’arbalette dans des grandes mortes. Mais aussi ce beau poisson gobant sur un lisse en fin d’accélération raté le vendredi soir et patiemment affuté et relâché le samedi (photo). Egalement cette truite de mer – la seule du week end – qui m’explosera mon 12% à cause d’une maladresse dans la manipulation de mon moulinet. Et oui, même avec un Loop il faut bien enrouler la soie, sinon ça coince ! Deux moments forts, les deux hier dimanche. Pré-coup du soir sur un grand lisse. Un pêcheur me passe devant sans rien dire … classique. Je m’en fiche car j’ai devant moi un poisson sympa qui s’active disrètement. Je l’ai raté le matin en nymphe mais elle est revenue. Sympa la fille 🙂 La lumière baisse un peu et, tiens, j’en vois une autre, un poisson plus joli mais impossible à prendre, littéralement enfouie dans un arbuste surplombant, gobant discrètement les micro mouches que les branches lui filtre. Une nymphe non lestée lui est proposée aussitôt, navigant en bordure de la mangrove où notre barracuda a élu domicile. Animation. Elle se décale … je ferre ? Aller, je ferre. Oups. Dans le vide. Elle avait pris ? Je ne pense pas car elle se remet bien vite en place. Je remarque que, imprudemment, elle se décale parfois un petit peu en dehors de son domaine pour prendre quelque chose d’invisible. Je fais le pari qu’elle osera le faire sur une de mes mouches, un petit cdc lie de vin à aile en V. Elle n’y prête aucune attention, absorbée par les petits chiros qu’elle respire dans sa veine arbustive. Je m’enhardis et ma mouche passe de plus en plus près de la forêt vierge. Le moindre contact avec une branche et ca sera la fuite, c’est sûr. Heureusement la belle interrompt ce petit manège. Sur une dérive identique à toutes les autres je la vois qui se décale majestueusement, le corps en oblique. Le temps s’arrête, suspendu, et le museau crève enfin la surface. Elle est au bout et je la bride suffisament pour lui éviter de s’abimer les écailles dans les branches. Bêtement je ne m’étais pas encombré de mon affreuse épuisette de substitution donc elle se libèrera de ma main pendant que je préparais l’appareil photo. A quelques octets du bonheur ? Certainement pas, car je me souviendrais longtemps de ce coup de ligne, et ce poisson est probablement celui dont je suis le plus content depuis ce début d’année. Je pars sur un autre plat que je me garde bien de pêcher avant l’heure mais je me le fais chipper par un randonneur aquatique, moucheur killeur convaincu au beau panier en plastique. « C’est pas la folie non? », me lance-t-il. « Oui c’est sur. » On en restera la. J’espère que son incursion précoce dans l’élément liquide aura calé tous les poissons de ce merveilleux secteur et qu’aucune mouchetée ne viendra visiter son sinistre panier gris. Je me retrouve à errer en quête d’un coin pour faire mon coup du soir … grrr … et j’échoue finalement sur un de mes coups à truite de mer (je vous la fais courte…). Il fait nuit noire mais la lune est là. Je devine des gobages. J’ai en tête les grands « surface lures » prisés par les pêcheurs de « sewin » gallois et je met donc ma plus grosse mouche sèche. Enfin, ma plus grosse mouche flottante devrais je dire. Une toufe de chevreuil énorme sur un hamecon de 8 pas taillé, aile à l’envers. Un bug infâme que j’ai honte d’avoir dans la boîte! Je lance ca sur les gobages mais je ne la vois pas. Je recommence en la laissant draguer, et même en strippant. BOOM ! Touche ! Poisson ! La canne arrachée des mains et tutti quanti!! Malheureusement au bout d’environ 3 secondes (le temps que je tende la ligne et récupère le mou …) je me rend compte qu’il s’agit d’un chevesne moyen. Tant pis, tant mieux ? Pour être honnête je trouve que ca aurait vraiment été un hold up de prendre une truite de mer comme ca. Ca se mérite les beaux poissons n’est ce pas ?
