L’atmosphère si particulière de cette vallée nous entoure déjà. Noyers et panneaux EDF sont toujours là, rappel s’il en était nécessaire que la pêche, ici ou ailleurs, ne reste qu’un loisir. Plaisir égoïste, familial ou amical certes, mais qui se doit de demeurer exemplaire et respectueux (n’en déplaise à certains…), eu égard à ceux qui la font vivre et aimer des locaux.
Un brouillard épais peine à se dissiper alors qu’apparaissent les premiers galets noirs. A notre approche, un héron râle et s’envole, rejoignant sans doute une berge plus tranquille. Descendant entre petits chênes bien frêles et saules accrocheurs, la belle se découvre enfin. Ce doux profil cuivré, charbonneux presque, aux lignes tantôt lisses, tantôt vigoureuses ajoute indéniablement à son charme limousin. Le soleil est déjà haut quand enfin, atténuant l’humidité, il laisse se dessiner ces fumées magnifiques.
L’envie, qui se faisait présente voire pressente, a suivi ces vapeurs et ce n’est maintenant que la contemplation qui régit nos êtres enivrés. Patiemment, passionnément même, le matériel tarde à s’animer. Les veines appellent, les éphémères dansent et pourtant, hagards, nous hésitons. Intégrés, imprégnés de ce paysage, main dans la main, point d’échanges, juste une sensation étrange de privilégiés nous surprend. Tant de malaise, tant de souffrance et nous, faibles, nous sommes là, simplement, attendant l’offrande.
Je dois dire que savoir profiter égoïstement est un art qu’il est difficile d’assumer parfois, tant les rappels sociétaux sont grands.
Il va s’en dire que la journée sera belle, accompagnée de petites ailes irisées et de rencontres violacées. Nous ne connaitrons pas l’euphorie espérée mais un partage amoureux de l’aubaine suffira à nous satisfaire. Les écailles présentées seront bien entendu restituées et bienheureux, nous échangerons les galets noirs pour du sable blond.
Si je puis me permettre, attention cependant car parfois, impétueux que nous sommes, le bain n’est pas loin.
