Actuellement à Paris, je profite de la pause entre midi et deux pour vous raconter la journée que j’aurais pu passer aujourd’hui sur la Nive … —— Le temps s’est bien raffraichi par rapport à la semaine dernière. La fonte est moins intense sur les grands Gaves mais leur niveau reste fort, alors allons voir les Nives! Depuis le dernier épisode de grosses pluies leur niveau n’a cessé de baisser à un rythme très lent et très naturel. L’eau est aujourd’hui à un niveau excellent, et ce plafond bas annonciateur de pluie est pour moi le signe d’une journée exceptionnelle. L’alchimie est parfaite, les conditions atmosphériques et hydrologiques concordent et vont rendre les truites folles, c’est sur ! Passage par le col d’Osquich et à 9h30 je suis à pied d’oeuvre, en train de donner du pain aux truites de la réserve de St Jean Pied de Port. La pluie tombe à fine goutte. Je ne vois pas encore de mouche alors je commence en pêchant au fil avec des nymphes lourdes dans les veines qui me paraissent les plus prometteuses. 10 minutes de pêche sans aucune touche, alors je m’assied pour regarder un peu. La berge est constituée de galets garnis de mousse accolés à la roche mère, comme souvent dans les Pyrénées. Le courant principal vient lécher les pierres mais, brisé par le sous bassement invisible de la berge, il coule ici en douceur. De petites bulles blanches se suivent sans discontinuer, frôlant la mousse au risque de s’y échouer. Mon oeil est attiré par des débris végétaux qui sont englués en surface. Avec ce contre jour on croirait voir des mouches! Ah, si seulement les truites pouvaient le croire aussi … et se mettre à gober. Je me débarasse de mon bas de ligne « nymphe au fil ». Quand je regarde à nouveau je commence à voir quelques éphémères passer, petites ailes opaques bien dressées en plein dans le reflet blanc. Quelque chose a bougé un peu plus haut dans le sillage des bulles. La perturbation est minime, alors je pense à une goutte de sève qui serait tombée de l’arbre qui surplombe ce poste. La goutte retombe au même endroit. Je poursuis mon observation. Une éphémère arrive. En passant je la vois disparaitre, mais je n’ai pas vu l’impact de la goutte. Il s’agit donc probablement d’un poisson qui gobe avec discrétion, comme souvent sur les Nives. Etant en rive droite je fais l’économie d’une présentation en revers, et j’arrive à passer mon cul de canard sur le poste quasimment du premier coup. Il disparait à l’endroit de la goutte, et pour une fois je ne commet pas l’erreur de ferrer vite. Je lève la canne en douceur pour prendre contact avec le poisson. Il me parait lourd, et cette impression est confirmée lorsqu’il part travers amont. Une chandelle, une autre. Superbe! Après quelques péripéties la voila à l’épuisette. Elle n’a pas une robe typique des Nives, avec ces points noirs un petit peu étoilés : peut être une truite de mer ? Le reste de la journée sera jalonné par plusieurs autres poissons tout aussi délicats. A partir de 18h30 l’activité s’arrête, et le coup du soir ne donnera rien. On ne peut pas tout avoir ! —— Je me réveille. Vue sur le périph’ depuis la fenêtre … au boulôt !
