Sur les gaves autour d’Oloron… Je viens de passer une semaine du 5 au 12 septembre en Béarn et Soule avec l’espoir de retrouver de belles pyrénéennes, d’autant plus farouches qu’elles avaient vraiment peu d’eau au dessous des nageoires… ou au dessus de la tête ! Le Gave d’Oloron, le parcours no-kill de la ville : la partie aval ressemble à un lac, le courant est à peine perceptible ; depuis la passerelle piétonne j’aperçois de beaux poissons qui semblent dormir au pied des murs des immeubles. Quelques rares gobages, de très loin en très loin. Je ferai le coup du soir trois fois sur cette partie aval : au total trois truites de 30 à 35cm (petits poissons pour ce secteur, CDC sur hameçon de 26…) et des tacons. Toujours des tessons de bouteilles sur le fond et les tuyaux des immeubles qui crachent épisodiquement des effluents suspects : quel dommage, mais voir le coucher du soleil et le reflet des façades d’ardoises et du pont fleuri dans le gave demeure un souvenir que je réveillerai cet hiver. Le Gave d’Oloron, station d’épuration : en milieu de matinée, quand les berges sont encore à l’ombre… il fait encore frais sous les branches dont les feuilles commencent à roussir, mais rien ne bouge. Par chance en peignant les courants je parviens à prendre une belle attardée de 35 cm, sans pouvoir éviter les tacons qui se jettent goulûment sur ce qui flotte ; pourvu que ces bébés-saumons puissent grossir et revenir dans quelque temps. Le Gave d’Ossau dans le Bois du Bager : En plein après-midi brûlant, je ne tarde pas à profiter du sauna de mes waders en descendant la pente qui mène au Gave…Il coule dans une fraîcheur sympathique à l’ombre des grands arbres… De superbes plats, des courants qui viennent lécher des rochers moussus, quelques gobages de ci de là. Je lance ma première mouche, aussitôt prise, bizarre…bien sûr c’est un tacon ; d’autres se feront prendre, dans les courants, mais aussi en bordure des rochers. Les truites sont boudeuses, je n’en prends pas une, mais que ce gave est beau ! Le Lourdios entre Issor et la station d’Asasp : après la chaleur étouffante de la vallée, je retrouve le « petit Lourdios » et sa fraîcheur, malgré un niveau très bas; un coup d’œil à partir du pont pour apercevoir une jolie truite qui godille avec nonchalance devant une pierre. Le parfum des buis et de la citronnelle écrasée finissent de me décider à m’équiper. A peine les dernières branches écartées pour m’approcher de l’eau et y poser le pied, je fais fuir quelques truitelles qui vont mettre en alerte leurs grandes sœurs…rien à faire pendant ces deux heures où je ne verrai que deux ou trois gobages, mais quel plaisir de me trouver exactement là. Le Saison à Tardets, le parcours no-kill de la ville : Christian m’a encouragé à aller voir ce parcours nouvellement créé ; j’y arrive vers 18 heures le 9 septembre… Rapidement équipé, je repère une bordure à l’enrochement prometteur mais aucune manifestation de la présence de truites. Qu’à cela ne tienne, je pose ma mouche devant la fenêtre de chaque poste présumé et parviens à décider deux truites moyennes à se saisir de mon CDC… Et c’est alors que dans le calme de cette soirée se déchaîne l’apocalypse mécanique : redescendus des montagnes où ils sont allés pendant quatre jours ravager les pistes forestières en compagnie de 4X4, venus de toutes parts pour le « glorieux 50° Rallye des Cimes », un escadron pétaradant d’une douzaine de « motos vertes » investit la berge. Deux brutes casquées entreprennent alors de traverser la rivière dans un vacarme infernal pendant que le reste de la bande dévale le talus en engageant des concours de gerbes d’eau de plusieurs mètres de haut… Je replie ma ligne et empêtré dans mes waders je cours sus à cette horde comme je peux, je braille, je hurle, je vocifère, j’injurie, j’insulte en brandissant ma canne… ils se calment – un peu – me regardent, dissimulés derrière la visière noire de leur casque, l’un coupe son moteur, retire son heaume et me montre sa tête ébouriffée, couverte de sueur, noircie de poussière, aux yeux hagards…que va-t-il m’arriver ? Tant pis, je décide d’être héroïque, je continue mes invectives qui le laissent de marbre…Les autres ont dû comprendre que je n’étais pas content, ils parlent entre eux…mais c’est bien sûr : ils sont grands-bretons !!! Les voilà qui tournent bride, je veux croire qu’ils fuient, je les ai mis en déroute…je suis victorieux le jour de la Saint-Alain : c’est ma fête, mais sur le champ de bataille, quelques dizaines de mètres carrés sont dévastés… Je termine quand même ce coup du soir avec Christian qui m’a rejoint : nous prendrons chacun une quinzaine de truites de 20 à 25 cm le long du mur qui borde la route. Le Vert de Barlanès à Lannes : Une petite rivière encombrée que j’aime pêcher en début de saison, mais en ce début de septembre elle n’est plus qu’une succession de flaques reliées par de maigres courants. Rien ne bouge, même dans les zones les plus profondes, comme en aval du camping de Lannes… dont la station d’épuration est toujours à l’abandon. Le Vert au « parcours santé d’Oloron » : Quelques très gros chevesnes patrouillent dans les environs du pont quand une truite presque aussi grosse qu’eux vient leur passer sous le nez sans les faire déplacer… je décide de pêcher en remontant un peu dans la partie où subsistent quelques courants. Tout est bien calme, cependant je surprends une petite d’une vingtaine de centimètres, mais ce bruit ?… est-ce le tonnerre sous ce ciel menaçant ? voici que la cause m’apparaît : cette grosse citerne qui rebondissait à vide sur le chemin recule dans le lit de la rivière, la pompe se met en marche et que le remplissage commence ! je continue à pêcher quelques minutes, puis de nouveau le « tonnerre »… et la citerne revient pour la même manœuvre. J’abandonne, j’interroge les ouvriers de la ville qui entretiennent le terrain : à leur connaissance, cette opération n’est pas interdite… Le Larrau et le Saint-Engrâce : je n’ai fait que les regarder…Le Larrau est si bas qu’EDF n’affiche même plus les jours et heures de lâchers d’eau. Le Saint-Engrâce semble avoir encore un petit niveau, mais les difficultés d’accès pour un résultat des plus hypothétiques m’ont fait renoncer à y lancer ma mouche. En cette fin de saison, suite à la canicule des deux mois d’été, seuls les plus grands gaves offrent des conditions de pêche encore acceptables ; mais les poissons naturels, très méfiants dans des conditions normales, semblent amorphes et très difficiles à tromper.