Englué dans la banquette, dix-huit heures bientôt, il me faudrait réagir… Cette fin de première journée estivale pourrait me plonger dans une somnolence de mollusque, baveuse…si je prolongeais la station d’immobilité assise. Se secouer, chercher la canne et le reste, imaginer les courants, les doigts sur le liège. Moment délicieux de la soie sortant de l’anneau terminal, le nylon que je retire complètement et que j’orne d’une collerette de lièvre, l’instant de la promesse, de l’espoir, des rêves. Ce soir, nul besoin de se tenir à un aulne ou à un bloc pour garder l’équilibre face au flot, la rivière a changé, apaisée. Tout au long des bordures, la collerette quémande. Les réponses ne tardent pas, éclaboussées, vives, les poissons sont « aux champs », toniques, sauteurs, rebondis. De petits « bisous » signalent que les assées sont elles aussi de sortie dans les retournes paresseuses. La nuit est proche, soudain, j’en ressens la douceur merveilleuse. Je reviendrai revoir ces gobages bruyants, une mouche pour la pénombre sera prête alors. C’était le premier soir…Enfin. Bon c’était, le temps n’a plus la même saveur.