un grand merci

19 septembre 2014

39 - Jura

Bienne

alx

La meilleure façon de remercier Charlie et l'équipe de la Biennoise, ce serait de m'y investir plus, d'être aux AG, de filer aun coup de main (il y a par exemple besoin d'aide en semaine pour des pêches électriques), c'est vrai que trop souvent, les deux heures de route, je les garde pour la pêche, égoïstement. Alors voilà, je dédie ce texte à ces gars, pâle témoignage, mais volonté de montrer combien cette rivière est extraordinaire, combien elle mérite un combat de tous les instants, et combien sa sauvegarde et sa bonne gestion pourrait générer une vraie valeur économique à une vallée sinon vouée à une mort lente….

5h, le croassement lancinant du réveil s'insinue dans mon cerveau, me sort du sommeil où je m'étais effondré. J'hésite longtemps entre rester contre la douce chaleur de ma femme, à écouter sa respiration régulière avant de me rendormir, ou bien avaler un café brulant avant de partir Est Nord Est vers la plus belle des rivière, la Bienne…

Si la fermeture n'avait pas sonnée j'aurai opté pour la première option, tant le fait de consommer autant de kérosène pour une si folle passion me semble parfois vain…

Chaque fois que j'aborde la vallée, c'est pareil, cette boule au ventre générée par l'excitation, la peur de trouver un pêcheur sur mes coins ou encore de trouver une rivière en désordre à cause des pluies de la nuit.

Je pose le premier pas dehors, toujours autant consterné par cette tendance des humains à joncher le paysage de détritus, et m'enfonce dans la forêt. Rapidement j'oublie tout, entouré du bruit de l'eau qui dégoute des arbres, attentif au babillage de la rivière qui enfle au fur et à mesure que je m'approche. La voilà, il est à peine huit heures…

Je connais presque par cœur le secteur que je vais faire, je compte y passer la matinée, j'y passerais la journée entière … Pas un courant, pas une fosse, qui ne soit pas animé par plusieurs truites, je n'avais jamais vu ça depuis que je pêche la rivière, et même pas ce printemps après la réouverture, où les truites étaient relativement peu craintives….

Les premières truites sont effrayées par mes lancers maladroits, il faut dire que la canne accueille une soie de taille inférieure pour un souci de discrétion et que mon bas de ligne, qui a fait la saison, commence à être le fruit d'un assemblage illogique plutôt qu'une construction mathématique censée m'aider à propulser mes mouches. Il faut être honnête je lance comme une patate pendant une bonne demi heure.

Peu importe il était dit que ce serait une belle journée, dès 9h les mouches sortent, et ne m'abandonneront qu'en toute fin de journée. Les couleurs de l'automne sont superbes, la lumière filtre à travers le feuillage déjà mordoré, et dans les coteaux les chiens hurlent en se lançant sur la piste du sanglier. Vers midi, 4 coups de feu sonneront son glas, me faisant vibrer les oreilles, preuve que la scène n'était pas éloignée. Les poissons quand à eux sont insensibles à la forêt qui tremble et les voilà bien installés… Je me régale, les truites sont beaucoup plus difficiles qu'en début de saison, le temps de la naïveté a cessé, mais néanmoins, une petite mouche sur une longue pointe fine, si le passage est bon, est rarement refusée. J'enchaine les truites parfois faciles, souvent retorses, gobant dans un micro courant ou le long d'un obstacle, les lunatiques aux gobages aléatoires et à la lippe boudeuse et celles qui font des écarts d'un mètre pour prendre les mouches, toute la panoplie des artificielles de petites tailles et des lancers défilent. Je me force à bosser le revers pour gagner en discrétion et coller le plus possible à la berge la plus ombreuse. Si l'on excepte la première truite qui s'est saucissonnée dans mon bas de ligne toutes m'auront proposé des bagarres dantesques, tenant le fond, se ruant sous les cailloux, jaillissant à plusieurs reprises hors de l'eau. l'une d'elle, en me forçant à courir autour du bloc qu'elle avait enroulé, m'a valu un superbe plongeon… Je sèche sur un caillou, en slip, le regard vissé sur le lisse plus haut qui frémit de gobages. Je repense aux casses (2 dont une qui m'a fait un départ surpuissant après le gobage), aux poissons décrochés (4), et je me dis que non, de toute évidence, je n'ai jamais vécu pareille journée… Et que ceux qui contestent le no kill se rassurent, c'est probablement la fois où j'ai vu le plus de petites truites (pas mal de 20-25), parfois plus difficiles que leurs ainées, promettant de belles prises de tête pour les années à venir.

Je rentre, la marche rythmée par le cri mélancolique de la chouette, après une dernière heure passée sur un lisse à essuyer redus sur refus, les truites prenant des toutes petites mouches morts nées dans la pellicule mais je n'ai pas le cafard, j'ai vécu une journée extraordinaire, en partie grâce à l'abnégation de certains pour sauver la rivière contre vents et marées.

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