18h30. Je me tiens à la grille de métal le long de la berge pour descendre. Un pied prudent entre les pierres. Deux. Puis le sable. Ca y est, le fleuve est à moi. Près de la berge, sous les grandes herbes, un gobage bruyant. Posé en amont d’un gros muddler, une tirée et zou!, un achigan de 30cm saute dans tous les sens. Quel début ! Je descend doucement le rapide, passant au peigne fin chaque obstacle. Une attaque quelques minutes plus tard, décrochée. Puis plus rien pendant 1h. 20h approchent et il est temps de gagner un haut fond pour attendre la nuit. 20h30, 20h45… rien. Des gobages sporadiques de laquaiches, inattaquables ou presque. 21h. Un nuage noir se lève de la berge : des sedges, des centaines, des milliers de sedges de 2 cm d’envergure, à pouvoir difficilement respirer. En quelques minutes le fleuve bouillonne littérallement, un gobage tous les 50cm, jusque dans mes bottes. Sur un remous de quelques décimètres carrés je compterais au moins 7 poissons actifs. Chaque passage est couronné d’une prise, des laquaiches en majorité (dont deux poissons passant les 40, de véritables steacks !), mais aussi un crapet de roche (perche soleil géante de plus de 20cm) une marigane (perche soleil avec une sorte de museau allongé, brun clair). Je ne sais plus combien j’ai pris de poissons. Pour éviter les petits je pêche avec un stimulator monté sur du 8…. Pendant 1h je ne sentirais plus les moustiques, ni le vent ni les insectes omniprésents, jusqu’à ce que le nuit trop noire m’empêche de remplacer ma mouche lors d’une casse. En m’asseyant dans ma voiture, je retrouve lentement mes esprits. Je sais déjà que ce que je viens de vivre est un de ces instants privilégiés dans une vie de pêcheur. De ces moments rares que l’on raconte bien des années plus tard. Le sommeil sera bien difficile à trouver ce soir. @+ maski
