Le printemps a du mal à démarrer dans les Pyrénées. La pluie incessante et l'épais manteau blanc qui couvre les montagnes, gonflant les débits des rivières n'aident pas le pêcheur en manque de sensations fortes. Je profite donc de ces quelques jours fériés pour quitter mon territoire en direction d'un plateau magique au confins de trois climats : Le Larzac. Avant de monter sur le haut plateau, je ferais une halte à Millau pour jeter un oeil au Tarn et son viaduc. La rivière est haute mais bien moins repoussante que mon Salat de ces derniers jours. Pour autan je laisserai la canne à la voiture et me baladerai sur ces berges en passant par ce beau village de Peyre. Il fait chaud et lourd, des conditions bénéfiques pour la pêche mais pas un poisson dehors, ni même une mouche et seul le spectacle triste et bruyant d'une éclosion de barges à moteur ne viendra perturber la rivière ! Après une halte gastronomique à Millau et une nuit sur le bord de la Dourbie, c'est en suivant cette dernière que je monterai vers le plateau. La Dourbie est forte et les pêcheurs sont de sortie. Il n'y a pas un poste de libre sauf bien sur dans les innombrables secteurs privés lieux privilégiés pour quelques actionnaires. La canne ne sortira pas non plus même si au cours d'une balade le long des rives de Nant, les truites sont belles et bien dehors ! Mais trop tard déjà le vent se lève et la pluie vient gâcher la fin de journée prometteuse. Le lendemain le vent est bien trop violent et la pluie persiste, alors je quitte la Dourbie sans y avoir trempé une mouche. Cette fois j'arrive sur le plateau et la végétation témoigne de ce changement brutal de climat. Nous sommes bien sur les flancs méditerranéens. Certes, il y a un vent à décorner les cocus, mais le ciel est d'un bleue parfait et le soleil cogne. En contre bas, au fond d'une impressionnantes entaille dans le plateau, coule celle pour qui je suis venu : la Vis. Le Crique de Navacelles, lieu merveilleux est assailli par le monde alors à peine sortie de la voiture nous filons dans les gorges, là où le touriste n'aime pas trop s'aventurer. La canne restera encore à la voiture, balade avant tout et repérage pour le lendemain. Presque à l'abri du vent, il fait chaud et différentes éphémères pointent leurs nez en timides éclosions et cela suffi à faire sortir quelques poissons. Les nombreux gobages promettent pour le lendemain. Après un petit détour sur l'Orb pour déposer ma chérie qui m'accompagnait jusque là dans ce périple, d'où la raison pour laquelle mes tactical sont restées dans la voiture, je reviens armé de convictions sur les bords de la Vis. Je plongerai loin dans les gorges et après de nombreuses écorchures et épines mal placées j'arrive sur un lieu prometteur. Les truites sont là mais ne gobent pas. Enfin elles sont là ! Pas bien longtemps… Malgré une approche de sioux, impossible d'attaquer un poisson. Quel caractères ces méditerranéennes ! En 20 ans de pêche à la mouche je n'ai jamais vu ça ! Certaines fuient alors que je suis à plus de 60 m en aplomb. Enfin, je trouve une configuration de rivière plus simple d'approche et sans mettre un pied dans l'eau, entre les rafales de vent, j'arrive à attaquer les premiers gobages. Premier passage pendu, décrochée c'est bon à croire que j'ai la bonne mouche. Vasque suivant : pendue, elle n'est pas bien grande mais elle est belle avec ces zébrures. Je toucherai quelques poissons dans les courants lents et les pools, toutes assez petites et la seule jolie se décrochera dans mes pieds. Il faut avoir un sacré moral et de la patience (ou du temps) sur la Vis, mais le paysage grandiose est là pour nous consoler. Je finirai ma route en descendant du plateau par la Sorgues Aveyronnaise où je retrouve une configuration de rivière plus familière et même si j'arrive après la bataille je prendrai les dernières gobeuses et repartirai en prime avec quelques morilles. Je viens d'une contrée que l'on appelle Terre courage, Le Larzac en est une !
