Voyages pêche

Réservoir : Les 20 ans du Lac des Graves (Cantal)

26 novembre 2021

Je me souviens de l’ouverture du Lac des Graves. La presse halieutique en avait alors parlé et les photos de ce splendide lac m’avait tapé dans l’oeil.

Je ne pensais pas que quelques années plus tard, à l’occasion d’un reportage vidéo pour Gobages, il aurait une telle importance sur ma vie de moucheur.

Tout d’abord, ce fut l’occasion d’une rencontre et le début d’une belle amitié avec Claude Ridoire. Il me fit ensuite découvrir le monde de la canne légère à deux mains avec tout ce qui s’en suit : nos vidéos, les rencontres à deux mains Gobages qui intéressent tous les ans de plus en plus de moucheurs et puis aussi, le fait que j’ai pris goût à cette technique au point de la pratiquer assidûment.

Aujourd’hui Claude a la gentillesse de partager avec nous la genèse de la création de ce réservoir, peut-être que cela pourra aider, voire inspirer quelques pêcheurs.

Patrick

Lac des Graves / Réservoir de la Jordanne

 

Vingt ans déjà :

Dans une carrière d’entreprises adossées et motivées par notre passion de pêche sportives, il est des projets sur lesquels, il est bon de revenir pour faire un bilan voire apporter de nouvelles appréciations sous un autre angle.

Historique :

Le moucheur a besoin au fil des mois de nouveaux horizons. Plusieurs années de pratique assidue dans les cours d’eau du Massif-central m’avaient démontré la brièveté de la haute saison de la truite ou de l’ombre. Même si les voyages aux migrateurs venaient entrecouper ces périodes, dans un communiqué pour le tourisme pêche du Cantal j’exprimais clairement dans les années 80 le manque de plan d’eau pour notre pratique dans ce secteur.

Par relation professionnelle, un ami de mon milieu d’activité de la construction, propriétaire d’une des rares sablières cantaliennes fut à l’écoute d’un tel projet. Marc S en instance d’arrêter ses extractions de matériaux et dans un souci de remise aux normes environnementales de son site de dragage devint alors un partenaire inespéré. Ce site aux abords de la rivière Jordanne en amont d’Aurillac composé d’une vingtaine d’hectares de terrains plats avec au centre une zone d’extraction noyée aux eaux terreuses, ses tourelles métalliques de tamisage et criblage n’auraient détourné l’attention d’aucun de nous. La volonté, la détermination de nos deux points de vue de ce potentiel re-verdissement de la zone nous ont fait, avec raison, nous obstiner.

Les divers aménagements de : plages, talus, déversoir, plantations… lancés par le propriétaire sur mes croquis autour de cette mare d’eaux boueuses en forme de haricot au début de l’année 2000 ne suffisaient pas à faire oublier les séquelles des trente années d’extractions pour les routes, fondations, bétons… !!!

Étant convaincus tous les deux que les sédiments allaient descendre pour se positionner très doucement vers le fond, c’est à l’automne qui suivit que nous déversions un premier lot d’arc en ciel.

De retour sur les lieux pour les fêtes de fin d’année avec un temps clair et un froid très vif j’ai encore le souvenir ému de l’apparition d’une véritable carte postale halieutique.

Un lac de montagne, aux eaux vertes translucides sur lequel se reflétait un pan de montagne, m’ouvrait les bras pour mes congés de fin d’année. Un véritable mirage ou rêve éveillé m’autorisait tout seul à mesurer le potentiel halieutique des tous nouveaux lieux. Passé le dégel matinal, nos poissons étaient effectivement présents sur les bords et au milieu à gober les rares éclosions, mais surtout à la recherche de toute nymphe potentielle.

Je souhaite à quiconque de vivre de tels instants intenses en catimini. Mes propres orientations de pêches légères de surfaces et à vue étaient ainsi comblées. Cette première année de notre nouveau siècle s’achevait sous les plus beaux auspices halieutiques. Le propriétaire des lieux ressentant mon engouement certain pour le projet d’un réservoir de pêche lança immédiatement en parallèle : la création en commun d’une société pour l’exploitation de la pêche mais surtout seul sur ses fonds propres un projet de centre hippique et d’hébergement.

 

C’est juste après les tragédies de New York et de Toulouse que le Réservoir de la Jordanne ouvrait au grand jour pour le public.

Vingt ans après, je me dis que les alliances dans la construction peuvent aussi avoir un bon côté…

Le site et son biotope :

Le Lac des Graves ou réservoir de la Jordanne s’inscrit dans une magnifique vallée glaciaire dominé par le Puy Mary. En moyenne montagne à 750 mètres d’altitude, il est alimenté par les résurgences de fond de vallée et la nappe de la rivière Jordanne. La vallée est exempte de toute culture et en dehors de ses superbes vaches Salers aucune industrie n’y a jamais perturbé la qualité des eaux.

La spécificité d’un tel réservoir réside dans l’importance de la masse d’eau résultat des dragages d’exploitation. Les bords sont restés abruptes en talus favorisant ainsi le cheminement des poissons en quête. La profondeur est irrégulière pour une moyenne de 15 mètres avec quelques fosses à 25 mètres. Dans celles-ci la température est invariable été comme hiver autour de 7 degrés. En plein été la surface peut atteindre les 20 degrés et plus. Tout ceci autorise des thermoclines fluctuantes en profondeur mais surtout un choix conséquent de vagabondage pour les truites. Le pêcheur a ainsi la garantie de trouver de l’activité en toute saison hormis la période de février ou le lac peut être pris sous la glace.

 

Plan du réservoir sous forme de tableau (E Gladel)

La nourriture à disposition en proximité de la rivière ne manque pas avec de nombreuses espèces de trichoptères, d’éphémères….Il faut aussi compter sur les retombées massives de fourmis durant le réchauffement estival ainsi que les remontées des nombreux chironomes des dépôts terreux de décantation du fond du lac. Dans l’eau une conséquente population de vairons, goujons et loches cohabite avec les truites arc en ciel déversées . La visibilité varie selon la saison, voire le réchauffement, mais quelques pompiers plongeurs qui s’y entraînent l’estime entre quatre et cinq mètres.

Avec le recul suffisant, des regards réguliers de ma villégiature de vacances j’avance une ressemblance de biotope, fonctionnement halieutique similaire aux lacs de montagne pyrénéens que j’ai aussi beaucoup fréquenté. L’axe des vents dominant dans un tel fond de vallée est primordial, ici ce sera un vent remontant la vallée ou d’ouest qui dictera un bon potentiel de pêche. De telles profondeurs sont très sensibles à la pression barométrique. Là aussi, il faudra privilégier une montée pressiomètrique pour apercevoir des gobages ou une activité de surface. En période de froid ou canicule intense la thermocline avoisinant les quinze degrés est la plus propice. Les changements climatiques durant chaque journée (soleil levant sur le lac, couché de soleil petite pluie ,…..) scindent l’appel vers la couche supérieure. Situé dans une zone au climat continental d’altitude, les coups d’intempéries existent et sont bien sûr à éviter pour notre pêche.

C’est un milieu extrêmement vivant, dans lequel à cause du volume il vaut mieux éviter de trop se montrer, le poisson est très mobile dès lors qu’il se met en quête. Celui-ci évolue véritablement dans la couche supérieure et comme les trois quarts du lac sont prospectables à pieds du bord, le champ d’investigation est alors conséquent. Des barques sont disponibles pour le reste des zones.

La pêche :

Comme déjà exprimé l’attrait principal de ce plan d’eau typé de montagne réside dans une pêche de la couche supérieure en soie flottante soit en sèche ou nymphe.

La nymphe à vue en bordure reste durant ces deux décades ma traque préférée quelle que soit la saison. A cet effet il est indispensable de s’écarter de la berge, les poissons croisent très souvent en complète proximité. De surcroît ils naviguent très souvent à l’aplomb de la berge terrassée le long de la bordure. Parfois un simple posé à l’aveugle à un mètre du bord provoque une montée rapide. Surtout nul besoin de nymphe lourde : plomb ou tungstène deviendrait vite un handicap. Comme en lac de montagne les modèles sombres habillent avantageusement une sélection. Les modèles légers usuels de rivière rehaussés d’un point de couleur ou avec cerclage type Sawyer, Montana conviennent parfaitement tout comme les modèles velus ou hirsutes.

À l’aveugle et à distance un chironome ramené comme il se doit, là aussi sur un long bas de ligne est une valeur sûre.

Grâce à des essais sur des poissons solitaires repérés au sondeur embarqué, j’ai souvent noté une distance de cinq mètres d’amorçage pour intéresser un poisson. C’est une distance conséquente qui prouve encore la nécessité d’une prospection lente sur des poissons en quête qui tournent. Le volume potentiellement prospecté est alors considérable. Les faux lancers doivent être minimisés. Une nymphe non lestée posée en bordure et animée au passage d’un poisson est souvent gratifiante.

La pêche en sèche est aisée en périodes d’activité à conditions d’utiliser évidemment la bonne imitation. La montée des poissons est un magnifique et excitant spectacle riche d’enseignements. Certains d’entre eux restent suspendus autour, un léger retrait par micro dragage autorise parfois la saisie ou la fuite. Il est important dans toutes ces pêches légères de deviner ou anticiper les déplacements et leur direction qui souvent sont rapides.

Au printemps principalement quand la couche supérieure se réchauffe à la faveur d’un petit vent d’ouest qui remonte la vallée, la pêche en noyée est une solution pleine de bonnes surprises. Comme en rivière un bas de ligne s’immergeant lentement amenant deux mouches sous la surface manié à la méthode « loch style » avec une pseudo sauteuse qui procure la mini-vague fera la différence via un appel des profondeurs.

 

Les poissons de part la masse d’eau importante ne réagissent pas toujours rapidement comme dans la plupart des réservoirs suite à leur déversements aux streamers. J’ose dire, qu’ils adoptent une attitude « sauvage » et de quête de nourriture naturelle. En conséquence, ce mode traditionnel de pêche ici, n’est pas à mettre en avant. Hormis durant les épisodes de canicule estivale ou sous le froid intense pour trouver la bonne température pour ce plan d’eau cette technique n’est pas la meilleure.

Fort de ce vécu, hormis dans un cadre amical (Coupe de la Jordanne), les compétitions Réservoirs officielles organisées n’ont jamais mis en avant le potentiel de ces eaux de qualité. J’ai encore le souvenir d’un compétiteur de haut rang en pleine session maniant deux steamers devant des poissons en quête tout au bord. Sur mes conseils polis l’invitant à se reculer de la berge et de prospecter en nymphe à vue, il m’avait sauvagement rappelé son palmarès…. !!! Tout ceci sans accrocher aucun poisson pour passer ensuite à un poste sans rien voir !!!!

En matière de matériel l’équipement usuel pour la grande rivière est complètement adapté tout au long de la saison. En contrepartie les rushes de ces solides poissons dans une profondeur ouverte à la course nécessitent moulinet et backing bien rôdés. Le départ d’une arc de deux à trois kilos peut rappeler parfois le démarrage d’un bonefish. En matière de bas de ligne inutile de descendre en dessous du 15 ou 16 centièmes pour les pêches de surface ; en noyée 18 ou 20 centièmes et au streamer 22/24 centièmes. Pour ma part j’ai un véritable penchant pour une deux mains hyper légère dans les pêches sous l’eau autorisant aussi la une main en onze pieds d’action rapide pour un fuseau de puissance 5/6 (12 grammes). Outre sa puissance et sa polyvalence elle autorise avec une large aisance des coups en arbalète sur les poissons rôdeurs de bordure et permet à la prise d’écarter le combat des abords abrupts de la rive (empreinte de la dragueline). Équipée de l’un de mes indispensable et irremplaçable moulinet Goudard (multiplieur et anti-reverse) une action douce et continue est garantie en phase de combat souvent remarquable dans ces eaux claires et profondes.

 

En une vingtaine d’années d’observations il en ressort clairement que les fins pêcheurs de rivière ont plus facilement tiré leur épingle du jeu. Les graves écueils ont toujours étés réservés aux utilisateurs impatients : de grosses sèches, nymphes lourdes, streamers de bouchers….. Nous ne sommes en aucun cas dans une poche d’eau remplie de sur-densitaires.

Durant ces deux décades, nous avons essayé diverses origines d’arc en ciel. Les comportements restent sensiblement les mêmes, le biotope du lac en est la pièce maîtresse.

 

Les seules mortalités visibles et notoires en bordure ont été enregistrées suite : à des repeuplements en eaux de surface trop chaudes, des lendemains de compétitions ou pêches intenses. C’est à mon avis le seul désavantage de l’étagement des nombreuses thermoclines.

Synthèse :

A l’écart de toute zone urbanisée, dans un contexte halieutique dense (nombreux cours d’eaux de première catégorie, Dordogne à moins d’une heure et lacs de barrages en deuxième) le Lac des Graves s’adresse aux passionnés. C’est aussi une parfaite destination familiale pour former de futurs moucheurs.

 

 

De très nombreuses activités de loisirs y sont aussi présentes telles que : randonnées pédestres, vélo, vtt, ski, via ferrata, cheval….. Hôtel, restaurant, chalets, roulottes offrent sur place les accommodations indispensables d’un bon séjour.

Damien Gaston anime la pêche et d’autres activités sportives au sein de son entreprise My Cantal. En vrai Cantalou vissé dans son département, il est aussi à même de faire découvrir ses montagnes sous toutes les formes en véritable professionnel dans l’authenticité la plus complète.

 

Adresses :

My Cantal pour pêche et activités

www.My Cantal.fr

Damien Gaston

0642943836

Lac des Graves, Réservoir de la Jordanne pour hôtel, restaurant, chalets et roulottes

www.lac des graves.com

Accueil : 04 71479406

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