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Portrait : Matthias PARRE, l’eau de la Dordogne coule dans ses veines.

19 avril 2023

Vous connaissez sûrement Matthias par ses photos ou les 2 films qu’il a tournés sur la Dordogne. C’est un des plus anciens Gobnautes et il nous a paru intéressant de revenir sur son parcours, l’aventure de ses films et ses projets.

Merci à lui d’avoir accepté de jouer le jeu et en prime de nous gratifier de très belles photos pour illustrer l’article.

Patrick

Bonjour Matthias,

Gobages : Cela doit faire environ 20 ans que tu fréquentes Gobages mais pour les nouveaux qui ne te connaîtraient pas encore, est-ce que tu peux nous faire une petite présentation stp ?

Matthias : Oui effectivement ça fait quelques années.

Matthias sur le no-kill d’Argentat en 2005 (ps : le petit rond sur le chest pack est le premier écusson Gobages … collector LOL)

J’ai 44 ans, j’habite en Dordogne dans Périgord Noir près de Montignac-Lascaux.

Issu d’une famille de pêcheurs, mon amour de la Dordogne est né dès mon plus jeune âge, lors des multiples week-ends et des vacances scolaires dans la maison familiale à Saint-Vincent-de-Cosse, située en face du château des Milandes.

J’ai passé mon enfance dans cette mythique vallée des châteaux, en pratiquant différentes techniques de pêche j’ai découvert la richesse piscicole et variée de la Dordogne sur ce secteur .

La Roque Gageac – lieux de mon enfance

Château de la Treyne 46

Un matin de mai, mon père me dépose sur la plage en bas de la maison. Je monte au-dessus du courant avec ma canne anglaise, muni de mon bouchon et de quelques vers de terre. Je me rappelle encore de cet instant magique ou arrivé sur ce grand lisse, je vois des gobages un peu partout…. Je jette ma ligne sur l’un d’eux, le bouchon coule…. et après un joli combat, je ramène une jolie truite de 35 cm..

Fier de ramener ma capture à la maison (et oui pas de no kill à l’époque ), en préparant le poisson avant qu’il passe à la poêle, je me rends compte que son estomac est plein d’insectes aquatiques.

Ma réaction ne se fait pas attendre:

– « Papa, il me faut une canne à mouche ». J’avais 14 ans, je ne l’ai plus lâchée !

Gobages : Tu nous régalais au début avec tes photos, puis avec tes vidéos au point qu’un jour tu as décidé d’en faire un film (les 4 saisons de la Dordogne). Comment as-tu vécu cette évolution ?

Matthias : Merci, c’est très sympa , effectivement je me souviens de mes débuts photos grâce à mon 1er blog sur gobages : https://matthias.gobages.net/

C’était déjà génial de pouvoir partager les sorties de pêches et de balades… mais il manquait le réalisme du son et de l’action dans le temps.

C’est avec Frédéric Serre, que j’accompagnais à l’époque sur la plupart de ses tournages pour Seasons, que j’ai pris l’ampleur de la vidéo et du potentiel par rapport à la photo.

Et comme le disait si bien Jean-Luc GODARD: « La photographie, c’est la vérité et le cinéma, c’est vingt-quatre fois la vérité par seconde… »

Il était clair pour moi qu’avec la vidéo il serait magique un jour de pouvoir filmer une saison de pêche entière sur la Dordogne avec les copains.

Et un jour, l’idée et le rêve sont passés à la réalité, ce fut 2 années d’aventures extraordinaires !

Gobages : Ton premier film en 2016, amenait vraiment quelque chose de nouveau dans le film de pêche. Il y avait bien sûr des poissons mais surtout une sensibilité et une ambiance toutes particulières qui font que l’on reconnaît quasiment à coup sûr tes images. Il t’a valu un vrai succès.

Est-ce que tu avais prévu tout ça ?

Matthias : Non, pas du tout car c’était juste un « délire », une envie. Si l’idée était belle dans ma tête, beaucoup de problématiques se sont posées :

  • Comment le réaliser ?

  • Quel matériel vidéo pour tourner un film ?

  • Avec quelle finance ?

  • Par ou commencer ? Etc, etc….

Bref, c’était vraiment pas gagné d’avance ! 

– 2 saisons ont été nécessaires pour tourner et monter le film.

Si le tournage a été une partie de plaisir (bien que je n’ai quasi pas pêché pendant tout ce temps), le montage fut en revanche plus compliqué et les dernières semaines devant l’ordinateur furent très dures, à tel point que je pensais ne pas arriver à le terminer.

Fred est venu me rassurer et m’a donné des conseils tirés de son expérience.

Le jour où j’ai envoyé mon master à la maison de pressage à Paris, ce fut une délivrance… C’était terminé !

Mais alors que la pression descendait, une autre pris le dessus :

  •  » Est-ce qu’il va plaire ? »

  •  » Est-ce que j’ai bien mis la Dordogne en beauté ? »

  •  » Vais-je vendre assez de DVD pour rembourser l’investissement ? » etc, etc….

Je me souviens de ce jour où le film fut mis en vente en ligne, on partait pêcher la Touvre. Je n’osais pas regarder les ventes sur mon téléphone…

– Ce fut un succès. (encore merci à tous !)

Gobages : Début 2016 pour le 1er film, fin 2022 pour le deuxième. Pourquoi avoir attendu aussi longtemps pour nous régaler ? Et 2 ème question : on dit jamais deux sans trois. Est-ce que l’adage se vérifiera ?

Matthias : « DORDOGNE, les étendards d’automne » était déjà dans ma tête lorsque le 1er est sorti.  A l’époque j’étais responsable de magasin chez Pacific Pêche,  je n’avais que 2 jours max/semaine pour tourner et monter des vidéos.

Ce n’était pas évident de tomber sur les bons jours de repos avec les bonnes conditions climatiques,  les bons niveaux sur la rivière… et des copains disponibles (encore merci à eux en passant !)

Faire un film sur la pêche de l’ombre en sèche sur la basse Dordogne en arrière saison peut paraître simple, mais la réalité est moins évidente. Pour ce dernier, il aura fallu encore 2 années de tournage pour arriver à capturer de belles images d’éclosions et de gobages.

Même si l’expérience de mon 1er film m’a permis d’éviter quelques erreurs, certains défauts sont restés : Trop de prises de vue, trop de scènes différentes et incomplètes.

Bref, devant mon pc, le montage de ce 2ème film ressemblait à un puzzle géant de plusieurs centaines de rushs.

Par quoi commencer ? Et quelle histoire raconter ? Ca s’est traduit par des heures devant l’ordinateur à monter, à effacer et à refaire.

J’ai encore beaucoup de choses à corriger et à apprendre… mais comme pour le reste, il y a un début à tout.

Gobages : Sur le deuxième film (les étendards d’automne), on voit qu’il y a de gros moyens vidéos au niveau matériel (drone …). Est-ce que tu peux nous en dire un peu plus sur le matériel et ce qui t’a amené à l’utiliser ?

Matthias : Comme le 1er film s’est bien vendu, j’ai réinvesti dans du matériel plus pro pour le 2eme projet : caméra, drone, micro, gopro. Le drone me paraissait indispensable pour observer les poissons présents sur les grandes lisses de la Dordogne ( ce qui a été le cas) et pour donner également de l’ampleur aux paysages de la vallée.

Avec de nouvelles gopro, j’espérais filmer les ombres dans leurs milieux de vie en allant à leurs rencontres, ce fut une expérience extraordinaire de pouvoir filmer des ombres à moins de 1m de moi au fond de l’eau.

Puis avec une nouvelle caméra en 4K, je souhaitais gagner en qualité d’images.

Mais gagner en qualités d’images avec des formats beaucoup plus lourds a amplifié les problématiques liés à mon pc qui rame et au logiciel qui bug.

Bref, j’ai encore perdu des cheveux sur ce projet ! (je vais changer de pc et de logiciel pour le prochain).

Gobages : Ta vie personnelle et professionnelle est étroitement liée à la Dordogne. Est-ce que tu pourrais envisager de te passer de « sa compagnie » ?

Matthias : Non, bien sûr… Cette rivière et cette vallée m’accompagnent jour et nuit au bord de l’eau comme dans mes rêves depuis 44 ans ….et ce n’est pas près de changer !

Aujourd’hui, il me suffit de fermer les yeux pour visualiser la Dordogne poste par poste, d’Argentat jusqu’à St Cyprien en Périgord Noir, toutes ces heures passées à la naviguer m’ont imprimé ces paysages dans ma tête.

Aujourd’hui, j’ai fait le choix d’essayer d’en vivre à 100% en me consacrant à la vidéo ( pêche, mais pas que, avec plusieurs projets en cours).

Je me suis également lancé dans un rêve de jeune pêcheur : devenir guide de pêche sur ma rivière.  Je suis actuellement en formation BPJEPS à Périgueux jusqu’à la fin de l’année.

A partir de 2024, je serai heureux d’accompagner et de partager mon expérience avec les pêcheurs souhaitant découvrir ou redécouvrir la Dordogne un peu à « ma façon »… à pied, en canoë, techniquement ou simplement entre Corrèze, Lot et Périgord Noir.

La pêche à la mouche ne se résume pas qu’aux salmonidés mais à tous les poissons, et sur la Dordogne y a de quoi faire! ( brochets, perches, barbeaux, carpes, chevesnes, silures,etc… )

Gobages : Tu as carte blanche pour ajouter ce que tu veux :-)))

Matthias : Je voudrais bien sûr remercier le site gobages.com d’être partenaire de mes films et d’en faire la promotion … mais surtout, merci pour toutes ces années de discussions sur les forums, d’échanges, de partages et de belles rencontres au bord de l’eau.

Bravo à toute l’équipe, et continuez encore longtemps!

PS : Ah si, j’oubliais… Je rêverais de participer à un nouveau meeting  » Gobages » sur la Dordogne, ça rappellerait des choses ! 

Au plaisir,

Matthias PARRE

Gobages : Un grand très merci à Matthias pour sa gentillesse, sa disponibilité et son sens du partage. Vous pouvez voir (ou revoir) le film de Greg Dolet sélection du RISE 2023 « Matthias et sa Belle« .

Infos: les films sont en vente sur le site: https://dordognelabelle.jimdo.com/
Ils sont également disponibles à la vente « chez Maryse » à Monceau sur Dordogne.

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